La fête du tapis d'Aït Hichem dont les festivités sont prévues à partir de demain 26 juillet jusqu'au 1er août, risque de ne pas avoir lieu cette année. Un comité de sauvegarde de cette fête s'oppose à la reconversion du village en festival national comme décidé par le ministère de la Culture et même la direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou. Ce malentendu alimente, d'autant plus, une tension perceptible parmi les villageois suite au statu quo qui dure depuis quelques mois. Alors que ce comité se disait prêt à s'opposer à la tenue de ce festival par tous les moyens pacifiques, la direction de la culture de Tizi Ouzou et le ministère campent sur leur décision d'en faire un festival en nommant un commissaire. Aussi, les membres du comité de sauvegarde de la fête du tapis d'Aït Hichem annonçaient, hier, une panoplie d'actions prévues pour s'opposer à la tenue de ladite fête sous sa nouvelle mouture. Dans une déclaration, ce dernier prévoyait une marche et un rassemblement, aujourd'hui, au niveau de la Maison du tapis d'Aït Hichem. Une campagne d'affichage pour dénoncer cette transformation est déjà en marche alors qu'une action en justice est en préparation pour sanctionner les irrégularités qui ont entaché les procédures d'installation du commissaire et des blocages dont est victime l'association Tiliwa. Des anomalies matérialisées, selon les mêmes contestataires, par le non-respect des lois régissant les associations. Cette situation, affirmaient les mêmes orateurs, pourrait engendrer des dérapages dont seuls les initiateurs de cette conversion seront responsables. Sur un autre plan, pour dégager toute responsabilité des conflits qui pourraient survenir, les membres du comité de village d'Aït Hichem ont collectivement démissionné. Leur acte, affirmaient-ils dans le procès-verbal sanctionnant leur ultime réunion, est un avertissement suite aux «prémices d'une guerre fratricide nettement perceptibles et les ingrédients de la colère qui ne cessent de accumuler à cause d'un festival de la discorde qui nous conduira certainement à une confrontation violente entre les jeunes du village». Parallèlement à la dissolution du comité de village d'Aït Hichem, les élus de la commune d'Aït Yahia, par la voix du président d'APC, ont, dans une lettre adressée au wali, exprimé leur retrait de l'organisation du festival du tapis d'Aït Hichem. Dans le même document, les élus reprochent aux pouvoirs publics l'exclusion de la commune de l'organisation de ce festival et l'absence d'un consensus entre les principaux acteurs autour de cette reconversion, à savoir l'association Tiliwa, le comité de village et les citoyens d'Aït Hichem. Dans la même missive, les élus ont joint leurs voix à celles des membres du comité de village pour dégager leur responsabilité quant aux conséquences que pourrait engendrer le maintien du festival à sa date prévue. Par ailleurs, les contestataires n'ont pas caché leur disposition à dialoguer avec l'autre partie. Ils reprochent, en fait, aux initiateurs de la mouture actuelle la mise à l'écart des villageois, de l'association Tiliwa qui a toujours organisé cette fête du tapis d'Aït Hichem. Ils n'hésiteront pas à rappeler, à cet effet, que pendant vingt ans, ce sont les villageois qui ont pris à bras-le-corps ce patrimoine. Neuf éditions de la fête du tapis d'Aït Hichem ont été organisées en collaboration et avec l'aide des pouvoirs publics. La promotion de cette tradition typiquement berbère qui revient objectivement à la direction de la PME, a été assurée par plusieurs générations. Cette activité, d'ailleurs, a été dotée pendant la période coloniale d'une école de filles depuis 1892. C'est de cette école, première en Kabylie, que sortiront des générations de tisseuses qui ont su sauvegarder le tapis d'Aït Hichem. L'école d'Aït Hichem a contribué aussi à l'émancipation de la femme. De nombreuses institutrices et instituteurs s'y sont succédé à l'instar de Mme et M. Izarar, Mme et M.Delay, Mme et M.Perin, Mme Abdeslam et Mme Chantreaux et bien d'autres.