Jusqu'à vendredi 30 juillet, les activités du premier Festival du tapis d'Aït Hichem se sont déroulées et se poursuivent normalement à Aït Yahia en suscitant un certain engouement chez les visiteurs. Celles-ci prendront fin, aujourd'hui, dimanche 1er août. Le village Aït Hichem, dans la commune d'Aït Yahia (50 km au sud-est de Tizi Ouzou) est devenu, l'espace de quelques jours, la “capitale du tapis”, affichant une sorte de fierté chez la plupart des villageois, sachant que cette fête a de tout temps constitué l'occasion pour les artisanes et les artisans d'exprimer à l'endroit des autorités les contraintes et les difficultés rencontrées. “Depuis 2009, le ministère de la Culture a décidé de doter la fête du tapis d'AIt Hichem du statut de festival. En juin 2010, ce statut a été officialisé pour une meilleure prise en charge avec des moyens conséquents”, rappellent les organisateurs, considérant l'initiative comme un “renouveau qui devrait donner de l'élan au métier de l'artisan”. D'autres participants n'ont pas manqué de relever des “insuffisances” dans l'organisation, notamment en matière de restauration. En tout état de cause, l'ouverture de la manifestation a été ponctuée en soirée par un grand gala artistique dont l'établissement scolaire l'ayant abrité avait éprouvé des difficultés à contenir la foule de citoyens, de familles, attirées non seulement par la fête du tapis d'Aït Hichem en lui-même, mais surtout par la nostalgie de réécouter en direct la voix sublime de la diva kabyle, Nouara, en compagnie d'Ali Meziane, une autre voix d'or de la chanson kabyle, qui narre, dans ses “complaintes”, comme dans un tissage de tapis, des contes immémoriaux par lesquels nos mères et grands-mères dorlotaient leurs enfants ou petits-enfants que nous étions. Par sa simple venue, peut-être même sans chanter, Nouara aura rendu, ainsi que tous les autres participants, un grand hommage et donné tout son appui et sa généreuse solidarité à l'ensemble de ces tisseuses, de ces artisanes et de ces artisans de tous âges qui nourrissent et entretiennent le souvenir et la mémoire décrits et “transcrits” par des doigts magiques de femmes sur les tapis d'Aït Hichem. La fête du tapis d'Aït Hichem, dénommée “Festival culturel local du tapis berbère d'Aït Hichem”, a été également marquée par une circoncision collective au profit d'une vingtaine d'enfants nécessiteux de la région, ainsi que par une fête de mariage traditionnel, le tout sous un agréable air musical des ghaïtas des Idhebbalen, ces fameux tambourinaires accompagnant et rythmant les musiques et danses folkloriques. Des scènes de magie accomplies par un magicien local, des marionnettes, du théâtre, de la chorale et autres chants berbères, étaient de la partie. Plusieurs groupes de musique en ont pris part, tels que Gnawi de Béni Abbès, Ahellil d'Adrar et Katia, en plus des exhibitions d'arts martiaux (kung-fu, kick-boxing…). Avant la clôture, aujourd'hui, il est également prévu, outre du théâtre, un défilé de mode, accompli par des mannequins avec des modèles d'habits artisanaux et de tradition en Kabylie. À la clôture, il sera pris la parole, notamment par le commissaire du festival et le directeur de wilaya de la Culture, moments qui seront couronnés par la remise des prix accompagnée d'une collation. Une soirée qui fera également date en ce dimanche, après 19h, sera animée par Abranis, un groupe à la musique kabyle moderne très appréciée et écoutée en Kabylie, en compagnie de Mohamed Allaoua, un autre chanteur kabyle qui n'est plus à présenter tant il ne cesse de franchir, par ses mélodieux tubes de musique moderne, les frontières de l'Afrique du Nord, voire au-delà de la Méditerranée. Symposium autour de l'avenir des tisseuses L'art du tissage sous toutes ses formes à Aït Hichem est mené par la femme comme une valeur ancestrale qu'elle protège tel un enfant. Travail manuel transmis de génération en génération, parfois dans l'oralité, la confection du tapis est née d'un esprit de créativité avant d'être un objet et un symbole représentant tout un mode de vie sociale. Ce travail renferme le tondage, le lavage, le séchage, le battage, le cardage, le filage, la mise en écheveau, la teinture, l'ourdissage, l'enroulage, le montage du métier à tisser (“azetta”, littéralement la toile), etc. La maison du tapis a abrité, selon les organisateurs, plusieurs activités (ateliers de couture et d'initiation à l'informatique, une bibliothèque…). Avec pour objectif de parvenir à des conclusions basées sur la diversité des expériences et de l'environnement naturel, social et culturel des artisanes, un symposium sur la problématique de l'artisanat est également programmé par le commissariat du festival où des sessions doivent couvrir tous les aspects du tissage (scientifique, technique, culturel, social et économique). Son thème s'articule autour de l'avenir des femmes tisseuses et leur prise en charge, l'établissement d'un système de labels ou certification du tapis d'Aït Hichem, sa promotion sur les marchés nationaux et internationaux, la viabilité économique de l'artisanat, etc. Des expositions-ventes et des ateliers de démonstration étaient également tenus en simultané, rappelle-t-on.