Dans un marché des transferts globalement atone, Manchester City s'offre un recrutement pharaonique à grands coups de millions d'euros. Sur le papier, l'escouade mancunienne est impressionnante. Toute la question est de savoir si cette somme d'individualités a un avenir sur le terrain. L'été dernier, City s'offrait entre autres Kolo Touré, Emmanuel Adebayor, Carlos Tevez, Roque Santa Cruz et Gareth Barry. Un recrutement majuscule gracieusement orchestré par le richissime propriétaire du club, Cheikh Mansour. Cette année encore, l'homme d'affaires ne se montre pas avare en pétrodollars. En s'offrant les services de Jérôme Boateng, David Silva, Yaya Touré et Aleksandar Kolarov avec vraisemblablement Mario Balotelli et James Milner en renforts imminents, le club affiche l'un des effectifs les plus riches de Premier League. Reste à savoir si cet amoncellement de talents aura du répondant sur le terrain. L'attaquant de Chelsea Salomon Kalou, se montre sceptique. «Manchester City a fait la même chose l'été dernier. Je ne sais pas s'ils seront plus forts, je n'en suis pas sûr. Ce n'est pas parce que vous achetez dix nouveaux joueurs que vous serez au-dessus du lot», balance l'international ivoirien, dans les colonnes du Guardian. Monsieur Kalou aurait-il la mémoire courte? Les Skyblues marchent en effet sur les traces d'une autre formation de Premier League, qui a construit ses succès grâce aux milliards de son président, à savoir...Chelsea! En 2003, lorsque Roman Abramovitch reprend les rênes du club londonien, les rumeurs les plus folles envoient tous les meilleurs joueurs de la planète chez les Blues - une situation qui rappelle étrangement celle des Citizens aujourd'hui. Les recrues se nommeront finalement Veron, Crespo, Joe Cole, Mutu ou encore Duff. Cette équipe de mercenaires parvenait à glaner la deuxième place du championnat, loin derrière Arsenal et son projet de jeu parfaitement cohérent. L'année suivante, emmené par un José Mourinho qui s'est appuyé sur une nouvelle campagne de recrutement d'une ampleur exceptionnelle, avec les arrivées des Drogba, Essien et autre Petr Cech, Chelsea s'emparait du titre avec un record de points historique à la clé. Les parallèles ne manquent pas entre les deux clubs. Moqué dans un premier temps pour ses ambitions démesurées en matière d'achat, le projet sportif des Citizens a fini par en convaincre plus d'un. Depuis la signature de Robinho, en 2008, de nombreuses stars n'ont pas hésité à miser sur le club et ses millions. Les résultats n'ont pas forcément suivi par le passé, car City cherchait avant tout à recruter clinquant, une star en entraînant une autre. Maintenant que l'équipe s'est offert une certaine crédibilité, ses achats paraissent bien plus intelligents et cohérents, à l'image du Chelsea de Mourinho. Roberto Mancini ne s'est ainsi pas concentré sur les attaquants médiatiques, mais bien sur les carences de son effectif. Les arrivées des excellents défenseurs Kolarov et Boateng offriront une solide assise défensive à l'équipe, et Yaya Touré devrait stabiliser à merveille le milieu de terrain. A partir de là, le technicien italien n'a plus qu'à se creuser la tête pour organiser son attaque à partir du formidable potentiel offensif dont il dispose. Quoi qu'il en soit, après la cinquième place décrochée l'année passée, City semble avoir les moyens de signer une entrée fracassante dans le Big Four. Les talents sont là, et il ne manque au club plus qu'un seul élément pour pouvoir devenir un prétendant crédible pour le titre. Un élément que tous les milliards du monde ne peuvent acheter: la stabilité.