Le proverbe bien de chez nous, qui dit djezzar itaâcha b'elleft (le boucher dîne avec des navets) s'applique bien à Toudja. Connue pour la qualité de son eau depuis l'époque romaine, la commune de Toudja a fait parler d'elle, hier, non pas pour les vertus de son eau, mais pour sa rareté. Les villageois de Larbaâ ont fermé le siège communal. Ils protestaient contre la pénurie d'eau qui les touche depuis au moins 21 jours. Les appels de détresse lancés aux autorités publiques sur cette pénurie sont restés sans réponse. Le mutisme des autorités a conséquemment provoqué la colère des habitants qui sont passés à l'action. Hier matin, ils étaient déterminés à maintenir la pression jusqu'à satisfaction de leurs doléances. Entendre par là, le siège de la municipalité demeurera sous scellés jusqu'à ce que l'eau soit rétablie. Les habitants frondeurs ne veulent plus du renforcement de la conduite d'eau pro-mise. Ils exigent la suspension du raccordement de l'unité industrielle opéré sur le réseau d'alimentation de ce village. Saisissant l'opportunité de cette manifestation, les habitants de Larbaâ ont soulevé d'autres problèmes liés, notamment au réaménagement de la route du village actuellement dans un état piteux. Cet unique axe routier vers le village peut être obstrué en raison des glissements de terrain et autres éboulements qui risquent de survenir dès les premières pluies d'automne.Les autorités aux commandes de la commune sont également montrées du doigt pour la situation de l'environnement qui règne en maître sur la partie maritime de la commune. Des dizaines, voire plus, de décharges publiques ont été dénombrées sur la route nationale 24. C'est à croire qu'il n'y a jamais eu de ramassage d'ordures dans cette commune depuis le début de la saison estivale. Les protestataires ont, par ailleurs, exigé qu'une commission d'enquête soit dépêchée dans les plus brefs délais afin de faire la lumière sur la gestion de leur commune. Il y a lieu de rappeler que la municipalité de Toudja a vécu une situation de crise des mois durant, débouchant sur le départ de l'ancien maire. Son remplaçant ne semble pas faire des miracles puisque sa gestion est aussi remise en cause. L'état d'esprit constaté hier chez les citoyens protestataires, n'est pas sans indiquer qu'une nouvelle crise couve dans cette municipalité, dont le chef-lieu est pratiquement resté dans le même état qu'à l'époque coloniale. «C'est à croire que le développement n'est pas encore passé par Toudja», commente un habitant qui relève l'apport de cette localité à la libération du pays durant la guerre 1954-1962.