LA LECTURE personnelle devient l´une des raisons de vivre; elle nous aide à donner un sens à notre vie propre. Il serait bien utile, pour envisager des projets culturels, de savoir ce que lisent nos concitoyens et, tout particulièrement, nos jeunes. Quel est le nombre de bibliothèques scolaires, universitaires, municipales, départementales, nationales? Quel est le taux de fréquentation de ces bibliothèques?...Une excellente tradition, dans nos écoles d´autrefois, a disparu. L´après-midi des fins de semaines, l´enseignant lisait lui-même un livre à ses élèves et organisait avec eux des séances de prêt, - c´était un moment de liberté de choisir, de partager, d´échanger des idées et des connaissances. Aujourd´hui, on se plaint du manque de temps, du prix élevé du livre, on se laisse accaparer par la télévision, par l´abus du micro-ordinateur dont l´utilisation irraisonnée du " copier-coller " ruine, dans bien des cas, l´entraînement à la réflexion et à la création. Ce " Co-Co " encourage à la paresse et limite, si l´on n´a pas une réserve de lectures c´est-à-dire de culture, les horizons de l´imagination créatrice dans tous les domaines. La belle expérience acquise dans la vie et pour la vie est dans l´heure heureuse de pouvoir dévorer un livre. Tout livre lu jusqu´au bout nous donne vie et destin. Je lis donc je vis. Ils ont défié l'empire de Ouarda Himeur-Ensighaoui. Casbah Editions, Alger, 2009, 294 pages. Ecouter la voix de l´Histoire. Comme toute vie, l´histoire n´est pas inerte, n´est pas perdue à jamais. Vient toujours un jour qui fera que sa Voix perce l´épaisseur des Temps trop longtemps assombris. Et cela, je pense, est aussi bien vrai de l´histoire d´un pays, le nôtre en l´occurrence. Dans son précieux travail de recherche, d´analyse et de mise au point Ils ont défié l´empire Ouarda Himeur-Ensighaoui remonte le temps, le temps oublié, quand Juba 1er défiait et César et ses armées en Berbérie, quand Tacfarinas soulevait contre l´occupant romain les Musulames, tribu des Hautes Plaines de l´Est, quand Firmus, «prince berbère», organisait la révolte «nationale» et entrait vainqueur à Caesarea (Cherchell) et à Icosium (Alger) et quand Gildon, «un prince indigène», fier de ses origines berbères, se déclarait opposant armé aux empereurs romains. Contrairement aux historiens classiques, Ouarda Himeur-Ensighaoui, qui, je pense, n´est pourtant pas historienne de profession, mais formée aux Lettres françaises (doctorat d´Etat, Rennes, Maître de conférences à l´Université d´Alger), allie heureusement les exigences de la recherche et de l´étude des faits historiques et celles de la relation littéraire au service de la méthode et de l´objectivité historiques. Le livre de Djoha,l'Espiègle de Bendjedou Bousnina, Editions Alpha, Alger, 2009, 317 pages. Quand le génie mythique est le seul menteur qui dit la vérité, ses paroles donnent le tournis à la logique et de la sagesse à la naïveté. L´homme que nous appelons chez nous Dj´ha est de toutes les situations et de tous les pays. Ses facéties, qu´elles soient celles d´un simple d´esprit ou d´un esprit prompt, se caractérisent par une intelligence pure et aiguë, toujours à l´affût de tout ce qui bouge. Ses faits et gestes ont illuminé notre imagination d´enfant. Quoi qu´il en soit, «Le rêve de Dj´ha» dans son aventure d´aujourd´hui, c´est-à-dire son dernier rêve, est un espoir de longévité de son énigmatique existence: «Est-ce un rêve ou la réalité?» Là est la conclusion du «mystère» contenu dans Le Livre de Djoha, l´Espiègle. Afin que nul n'oublie, La bataille de Maison-Carrée de Mahmoud Mostefaoui. Chihab Editions, Alger, 2009, 172 pages. Témoigner pour laisser une trace...La guerre d´Algérie a été une tragédie subie par le peuple, mais c´est aussi une leçon d´héroïsme à enseigner aux jeunes algériens qui doivent savoir. S´il devait exister un guide de vie dans nos écoles, je pense que le livre de Mahmoud Mostefaoui servira beaucoup pour être, en compagnie d´autres travaux similaires, un prétexte judicieux pouvant servir à élaborer une des substances d´un guide scolaire d´éducation morale et civique, du moins dans sa partie «formation de la conscience du jeune algérien» pour apprendre à bien penser, pour avoir un noble idéal, pour garder toujours sa dignité d´homme. Les chemins de la nuit de Nour-Eddine Mamouzi, Ziryab-Editions, Alger, 2009, 231 pages. Esprit du Net, es-tu toujours là? Il est des matins qui ne sont pas tous des rêves et que la fidélité à nos traditions transforme en un espoir multiple. Voilà donc que, par le truchement d´un outil exceptionnel, autrement dit «l´Internet», le monde aujourd´hui partage un rêve, s´offre sa propre délivrance. L'occident à la conquête du monde de Chems Eddine Chitour, ENAG, Alger, 2009, 496 pages. La modernité génocidaire commence en 1492. Qui ne se souvient des premiers massacres perpétrés au nom de la civilisation occidentale contre les peuplades paisibles d´Amérique, d´Afrique et d´Asie? En conclusion, ayant savamment «déconstruit notre imaginaire hérité», Chems Eddine Chitour plaide à la fois pour une écriture saine et honnête de l´histoire de l´Occident à la conquête du monde et pour que justice soit rendue aux peuples des anciennes colonies par la repentance des pays colonisateurs. Mais, hélas, nous sommes toujours trop loin, ainsi que le note Chitour, des simples voeux de l´ancien Premier ministre français Dominique de Villepin qui, dans son discours d´inauguration de l´année de l´Algérie en France, en 2002, proclamait: «...La France et l´Algérie ont besoin de se retrouver. [...] À nous de nous tourner main dans la main vers l´avenir et de le construire ensemble.» Or, n´est-il pas certain que le problème demeure entier puisqu´une loi française, contre toute vérité, tend à estimer que la colonisation a joué un rôle positif en Algérie?...