Tout au long de la route sinueuse, pas un véhicule. Les forêts boisées, qui jalonnent le passage, gardent encore les traces des derniers incendies. Le silence qui domine inquiète. La vie est tout autre en milieu rural. Il est 14 heures, nous prenons la route pour Lakhdaria. La chaleur est à son comble, les rues sont désertes. Le marché qui jouxte la mosquée, grouille de monde. Comparativement à Bouira, les prix des légumes sont légèrement inférieurs. Voulant connaître l'ambiance dans les communes enclavées en ce mois de Ramadhan, nous nous dirigeons vers Maâla. Tout au long de la route sinueuse, pas un véhicule. Les forêts boisées qui encadrent la route, le CW1, gardent les traces récentes des derniers incendies qui sont venus à bout d'une bonne partie de ces forêts. Le silence qui domine, inquiète. Nous dépassons Maâla et continuons vers Guerrouma, c'est-à-dire une trentaine de kilomètres. Sur une dizaine de kilomètres nous voyons au loin le barrage Koudiet Acerdoun. Une voiture est garée sur l'accotement et deux personnes contemplent cet ouvrage. Nous arrivons à Zbarbar. Là aussi, rien à signaler si ce n'est quelques femmes qui, le long de la route portent des jerricans d'eau. Un véhicule garé sous un grand arbre propose des pastèques, il est immatriculé de la wilaya de Médéa. Nous continuons notre route. Nous arrivons devant une source. Un jerrican est là, il est rempli mais personne pour le prendre. Mon ami décide de faire la prière d'«Al Asr». Un monsieur passe devant nous sans mot dire. Il fait une quarantaine de mètres et rebrousse chemin sans prononcer mot. Cette situation m'inquiète surtout que j'avais sur moi ma carte de presse. Après un va-et-vient, le monsieur, qui porte sur le visage les séquelles d'un accident nous adresse la parole pour dire qu'il craint que «l'Etat terroriste» vienne construire sur ses terres!!! Le message est clair et précis, la tendance du monsieur est plus que précise. Nous nous empressons de quitter ce coin maudit où l'ex-GIA est né. Nous dépassons le point de contrôle de Guerrouma où les militaires sont d'une extrême vigilance. Dès notre vue, de jeunes militaires sortent des guérites alors qu'un sergent plus âgé se dirige vers nous. La maison cantonnière récemment construite est occupée par des éléments qui nous souhaitent un bon retour vers Bouira par Tablat. La route est bien dégagée et le trafic est plus dense. Pour la vie nocturne c'est la maison et la fermeture des portes à double tour. Seuls quelques jeunes du centre-ville sortent la nuit pour se retrouver dans le seul café du village. Les plus âgés, eux, se retrouvent dans la mosquée pour la prière et le «taraouih» que l'imam écourte au maximum. «La présence de la garde communale et des militaires réconforte mais nous préférons rester chez nous.» Notre interlocuteur, un jeune universitaire en vacances à Guerrouma, voulait nous dire quelque chose mais il avait l'air inquiet et gêné. Nous le rencontrons plus loin et en aparté. «Les terroristes ont encore de la complicité. Ils ont perdu du terrain ici à Guerrouma, à Zbarbar, à Maâla mais ils ont des indicateurs et des éléments qui les soutiennent encore. C'est pour cela que je préfère la maison.» Dans le café, un groupe joue aux dominos. Notre étudiant-guide nous informe que «c'est des militaires du cantonnement». Voilà en résumé une journée de Ramadhan dans trois villages accrochés à la majestueuse montagne de Zbarbar. Simples, naturels, les gens coulent une vie paisible, simple mais pleine de solidarité et fidèle aux principes de ce mois sacré.