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Aïn Defla : 24 heures en enfer avec les pompiers
Publié dans El Watan le 31 - 07 - 2009

Lundi 8h. 40°C à l'ombre. La sirène retentit dans la caserne. C'est l'heure du rassemblement. Nous sommes déçus, la caserne n'est pas équipée d'une rampe, comme dans les films. Les pompiers de l'unité 102 de la Protection civile de Aïn Defla, pour descendre, empruntent l'escalier. « Elle a été supprimée, nous explique l'adjudant Si Kadour, nous avons décidé de la condamner. » Les voilà regroupés dans la cour de la caserne, sous un soleil de plomb. Levée du drapeau. La brigade de la veille passe les consignes à l'équipe suivante, sous le regard du chef de l'unité secondaire, l'adjudant Boukhatem Kouider alias Si Kadour. Après vérification du matériel, l'équipe du chef de poste, le sergent Boudjadi, peut disposer. Ici, été comme hiver, on travaille 24 heures non stop avant de se reposer deux jours. Mais en ce mois de juillet, où ils sont appelés plusieurs fois par jour pour éteindre des incendies, les 24 heures peuvent se prolonger.
Depuis le 1er juin, 104 foyers d'incendie se sont déclarés dans la wilaya. Depuis le 1er juillet, plus de 2 000 hectares de forêt de pins d'Alep et de chênes ont été ravagés. L'adjudant Si Kadour, un valeureux pompier enlevé plusieurs fois par les islamistes dans les années 1990, spécialiste du terrorisme qui a frappé et frappe toujours la région, instruit son équipe et distribue les tâches. A peine sa mission finie, une alerte au feu retentit. C'est à la brigade de l'unité centrale d'intervenir.
8h30. Nous embarquons dans un 4x4 de la Protection civile, avec le commandant Abderrahmane Nemri, chef de l'unité centrale, et le capitaine Rebouh, chef de la direction de prévention, suivis dedeux camions, le premier transporte huit pompiers, le second est un camion-citerne. Destination la forêt Ghilès, dans la commune d'Arrib, distante de plus 50 km au sud-est de la wilaya de Aïn Defla et perchée à plus de 700 m d'altitude. Nous arrivons après une heure de marche. La route est accidentée, le foyer du sinistre est inaccessible.
10h. Le commandant Nemri décide d'arrêter le convoi et d'installer son poste de commandement sur une colline dominant le lieu. Les pompiers se rassemblent, les équipes sont constituées, prêtes à attaquer le feu. Pelles et casques à la main, nous avançons vers le brasier. Tels des soldats, nous parcourons 2 km à pied dans un maquis toujours fréquenté par des terroristes. La tension est perceptible. Mais tout le monde marche en silence, la sueur au front. Il fait 46°C, cependant le feu est encore loin. Sur notre chemin, nous tombons sur une réserve de « pieds droits », planches utilisées comme supports dans la construction, qui font l'objet d'un trafic local. A côté, nous découvrons une installation illégale de charbon, à l'origine de nombreux incendies. Nous arrivons enfin sur les lieux. Une surprise attend les pompiers : un ravin sépare les deux collines. Le commandant Nemri stoppe ses troupes. « Dans les règles élémentaires de la profession, il est interdit de commencer à éteindre les feux depuis un ravin, c'est trop dangereux », explique-t-il. Deux pompiers en reconnaissance trouvent enfin un passage. Le feu, qui est éteint depuis trois jours, a repris. Le capitaine Rebouh supervise l'opération et informe le commandant Nemri en temps réel de l'avancement. Trois quarts d'heure plus tard, les pompiers en viennent à bout à coups de pelle. « Zeccar 402, transmettez, le feu est maîtrisé à 100%, message final. »
11h. 46°C à l'ombre. Epuisés, les pompiers rentrent à la caserne. Pause déjeuner. Personne n'aura le temps de manger. Un feu est signalé par les gardes forestiers, la sirène est déclenchée. Les pompiers, à peine rafraîchis, repartent illico dans leurs camions. Destination, cette fois-ci, la forêt Aneb, au lieudit El Amra, à plus de 60 km du chef-lieu de la wilaya de Aïn Defla, à plus de 1300 m d'altitude. Là où mercredi, 14 militaires ont été tués par un groupe terroriste. Nous roulons à plus de 100 km/heure, mais même le 4x4 ne supporte pas la chaleur et tombe en panne après 10 km. La base de commandement nous envoie un autre véhicule. Le sous-lieutenant Kaci et ses hommes, dans les camions, continuent leur avancée. « L'extinction des feux de forêt incombe en premier lieu aux gardes forestiers, explique le commandant, conformément à la loi relative à l'intervention de la Protection civile, si ces derniers n'arrivent pas à éteindre le feu, nous devons alors intervenir de notre côté. »
« Zeccar 401 appelle Zeccar 402, donnez votre localisation », lance notre commandant à la radio. « Zeccar 401 reçu 5/5, stop, attendez- nous », crachote le talkie-walkie. Sur des pistes accidentées, nous croisons des gardes-champêtres, qui nous assurent que l'endroit est sécurisé. Des routes sinueuses, nous apercevons des foyers un peu partout. Mais les pompiers ne peuvent pas intervenir dans cette zone, car elle relève de la responsabilité des militaires. Les pompiers de Aïn Defla, à l'instar de leurs camarades des autres wilayas ravagées par le terrorisme, affrontent chaque jour depuis le début de l'été deux risques : celui de périr dans les incendies, et pire, celui d'exploser, dans une zone truffée de mines antipersonnel. Nous retrouvons nos pompiers après 45 mn de route.
14h30. Le thermomètre ne parvient plus à nous donner la température. Le commandant appelle le garde forestier. Nous poursuivons notre chemin vers l'enfer. Un quart d'heure plus tard, nous apercevons le feu. Impossible d'avancer, le commandant décide de s'arrêter, le terrain est inaccessible. Nos pompiers cherchent un coin dégagé afin d'y installer le PC. Ils mettent leurs casques et avancent à pied vers le feu, pelles à la main. Le sous-lieutenant et sa troupe procèdent à la reconnaissance de la zone. « Zeccar 402 appelle Zeccar 401, feu rampant en croissance, avec des broussailles, une zone non habitée. Stop. » Les pompiers se dispersent en binômes. Avec leurs pelles, ils attaquent les abords de la zone brûlée. Le vent complique davantage la situation. « Reculez ! Vous voulez mourir ou quoi ! », hurle soudain le sous-lieutenant Kaci, alors que trois arbres s'embrasent devant nous. Les flammes géantes, dans un bruit de vagues, libèrent des cendres rendant la visibilité impossible. Nous n'arrivons presque plus à respirer. « Le feu est en plein croissance, dans ce cas, nous devons reculer », crie le commandant. Dix minutes plus tard, les pompiers reprennent leur combat acharné contre les flammes, à l'aide de pelles et de branches d'arbre, parfois sans gants. Subitement un lapin brûlé sort des bois, provoquant un autre foyer à quelques mètres. Un autre danger guette : des pommes de pin enflammées surgissent de partout, telles des fusées.
17h30. Sans relâche, les pompiers poursuivent leur combat, aidés par les gardes forestiers saisonniers. Le camion des pompiers parvient enfin à trouver une piste pour accéder à la zone des combats. Les soldats du commandant Nemri enfilent les seaux pompes sur leur dos pour éteindre les braises. Les tuyaux du camion pompe sont utilisés pour arroser les quelque foyers d'incendie résiduels. 18h30. Le thermomètre ne redonne pas signe de vie. Près du feu, il doit faire plus de 50°C, mais nous ne sentons plus rien. La dernière étape de l'opération est celle de la surveillance, qui va durer une heure, et de l'estimation des dégâts. Nous pénétrons dans la forêt incendiée en compagnie du commandant et son collègue des gardes forestiers, seul habilité à donner une estimation sur l'ampleur des dommages. L'œil inhabitué ne voit rien, aveuglé par l'effet miroir des cendres. Mais le garde forestier donne son verdict : « 6 hectares sont calcinés. » Les pompiers ont soif mais, selon le commandant, il leur est interdit de boire au risque de contracter une maladie pneumologique. Après une heure et demie de route, les pompiers regagnent leur base. En cours de route, plusieurs foyers d'incendie sont déclarés. Le commandant Nemri et le capitaine Rebouh, à partir du centre de commandement principal, coordonnent les interventions avec les autres unités de la wilaya de Aïn Defla.
« Zaccar 401, un noyé dans la commune d'Arrib, les autorités sont sur place. » Nous nous rendons sur les lieux. Un jeune de 30 ans vient de perdre la vie dans un bassin d'irrigation. 21h45. Nous regagnons l'unité 102. Il fait encore 40°C. Au niveau des douches, l'ambiance est plus détendue. Les pompiers font la queue et s'arrosent avec les tuyaux. Le dîner est servi. Allongés sur des nattes, ils discutent dans la cour de l'unité pour partager expériences et anecdotes. Comme Ali, qui se souvient du jour où ils ont éteint un feu qui menaçait des populations à l'aide de bouteilles de Pepsi que transportait un camion de passage. 1h30. 38°C. La sirène retentit à nouveau. Ils repartent pour la commune d'Arrib, où un champ de blé a pris feu. D'autres alertes suivront à 3h30 et à 5h.
Mardi 8h. Le jour est levé depuis longtemps, le soleil a repris de plus belle. Les alertes n'ont pas cessé. Les pompiers harassés retrouvent leur tenue civile. Mais ce jour-là, les pompiers, déjà peu bavards, sont encore plus taciturnes que d'habitude. « Nous venons d'enterrer un des nôtres qui a perdu la vie, confie l'un d'entre eux. Il était en train de sauver quelqu'un d'un accident de la circulation quand un chauffard soûl l'a percuté… » C'est l'heure de passer le relais à une autre équipe. Pas de répit pour les pompiers de Aïn Defla. Le silence lourd est à nouveau rompu par le hurlement de la sirène.
Les 341 feux enregistrés entre début juin et le 26 juillet ont ravagé 2900 hectares de forêt au niveau national. Tizi Ouzou, Blida, Souk Ahras, Mascara, Tipaza… Aucune wilaya n'est épargnée. Compte tenu de la gravité des incendies dans les wilayas de Bouira, Mascara, Tizi Ouzou et Blida, les services de la Protection civile ont dépêché des colonnes mobiles (pompiers avec des pelles) pour maîtriser les feux et porter secours aux victimes. Dans la nuit de mardi à mercredi, 18 ha, dont 10 ha de forêt, ont été ravagés par les feux à Djorf Lahmar (Tlemcen).


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