Que ce soit sur le plan politique et diplomatique ou sur celui strictement économique, l'Algérie et l'Espagne sont sur la même longueur d'onde. Le Président Abdelaziz Bouteflika effectuera à partir de demain une visite d'Etat en Espagne à l'invitation du roi Juan Carlos. D'ores et déjà, il est question de la signature d'un traité d'amitié, de coopération et de bon voisinage entre les deux parties. Cette visite d'Etat est la première d'un président algérien dans le royaume espagnol depuis celle effectuée par l'ex-Président Chadli Bendjedid en 1985. Le Président Bouteflika sera reçu par le roi Juan Carlos et aura une série d'entretiens avec le chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, et nombre d'hommes d'affaires espagnols, alors que les minis-tres qui accompagnent le chef de l'Etat dans cette visite, auront des discussions avec leurs homologues espagnols relatifs aux échanges et à la coopération bilatérale. Dès à présent de sources diplomatiques espagnoles, ont indiqué que les relations hispano-algériennes sont qualifiées de «bonnes» par les deux parties. Elle consacre la volonté de l'Espagne de mener «une politique globale à l'égard du Maghreb, afin d'avoir les meilleures relations avec cette région et chacun des pays qui la compose». Et si le point fort du séjour espagnol du Président Bouteflika sera la signature après-demain d'un traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération entre l'Algérie et l'Espagne, celui-ci sera semblable à ceux que Madrid a déjà signés avec le Maroc et la Tunisie. Ce traité prévoit le renforcement du dialogue politique entre les deux pays à tous les niveaux; le développement de la coopération dans les domaines économique, financier, éducatif et de la défense souligne la détermination des deux parties de lutter contre le crime organisé et le terrorisme conformément aux résolutions de l'ONU dans ce domaine. Il sera procédé aussi à la conclusion de deux conventions sur l'assistance judiciaire et pénale ainsi que sur les transports internationaux de passagers et de marchandises. Un protocole d'accord financier portant sur l'octroi à l'Algérie d'une ligne de crédit de 120 millions d'euros pourrait également être signé. Fait significatif, sur le plan politique et diplomatique, les deux pays ont également une même approche de la question du Sahara occidental sous occupation militaire marocaine et sur la lutte contre le terrorisme auquel les deux pays sont confrontés: l'Espagne face aux Basques de l'ETA et l'Algérie face aux GIA. Faut-il rappeler qu'Alger et Madrid sont favorables (dans le cadre des résolutions de l'ONU ) au droit à l'autodétermination des populations de l'ancienne colonie espagnole du Sahara occidental, que se disputent depuis plus d'un quart de siècle le Maroc et le Front Polisario? Sur le plan strictement économique, les deux pays sont sur la même longueur d'onde surtout depuis la signature par le Président de la République à Valence au printemps dernier de l'accord d'association entre l'Union européenne et l'Algérie, à l'occasion de la 5e conférence euroméditerranéenne. Auparavant, en juillet 2000, le chef du gouvernement espagnol José Maria Aznar avait effectué une visite à Alger au cours de laquelle un crédit de 500 millions de dollars avaient été accordés à notre pays. L'Espagne est aussi le premier pays à avoir signé un accord de reconversion de la dette avec l'Algérie, à hauteur de 10%, ce qui ouvre la voie aux investissements directs espagnols sur le marché algérien par le biais de «prise de participation» Il reste cependant, que le niveau des échanges commerciaux et de partenariat hors hydrocarbures demeure en deçà des attentes des deux parties. En effet, si l'Espagne est le 4e client de l'Algérie après l'Italie, la France et les Etats-Unis, et est le 5e fournisseur de notre pays (avec 535 milliards de dollars en produits alimentaires, outillages mécaniques, de construction, électriques, et pharmaceutiques), l'Algérie exporte vers ce pays essentiellement des produits pétroliers et GNL pour pas moins de 2 milliards de dollars. Néanmoins, le volume des échanges entre les deux pays ne cesse d'augmenter (passant de 1,638 milliards de dollars en 1999 à 2,087 milliards de dollars en 2000 et 2,632 milliards en 2001), consacrant de facto la teneur stratégique des rapports entre deux Etats clés de la Méditerranée.