Nul ne peut avancer que l'escale du roi d'Espagne à Alger est en mesure de constituer le contrepoids des initiatives ibériques au profit du Maroc. Invité par le président Bouteflika, le roi d'Espagne, Juan Carlos 1er, sera en visite en Algérie à partir de demain. La dernière visite d'Etat du roi d'Espagne en Algérie remonte à 1983. Le président de la République a, quant à lui, effectué une escale au Royaume ibérique en 2002, date marquée surtout par la signature d'un traité d'amitié entre l'Algérie et l'Espagne. Sur le plan économique, la locomotive ne connaît pas encore son rythme de croisière. Par ailleurs, le climat politique entre Alger et Madrid s'était quelque peu assombri, effet direct de la position de José Luis Zapatero, chef du gouvernement espagnol, concernant le conflit du Sahara occidental. Ce vent froid ne peut être aisément évité dans les discussions, notamment après la signature, par Zapatero, d'un contrat de réarmement avec le Maroc. Un épisode qui vient annoncer une nouvelle grisaille à l'horizon. Et c'est sous la même casquette que José Luis Zapatero a annoncé son appui, depuis Rabat, au projet marocain dit «d'autonomie pour le Sahara». Toutefois, nul ne s'amuse à dire que l'escale du roi d'Espagne à Alger est en mesure de constituer le contrepoids des initiatives ibériques au profit du Maroc. D'emblée, Juan Carlos 1er, en réponse à Bouteflika, s'est dit «très honoré» de l'invitation et a déclaré l'accepter «avec grand honneur». Une invitation qui, pour rappel, date du 16 janvier dernier. L'escale du roi d'Espagne en Algérie a été annoncée officiellement par le président de la République lors de la dernière visite de José Luis Zapatero à Alger. «Nous nous préparons également à accueillir prochainement, en visite d'Etat, Sa Majesté le roi Juan Carlos 1er et Sa Majesté la reine Sofia», avait annoncé Abdelaziz Bouteflika. Il avait estimé, à l'occasion, que cette visite aura un impact particulièrement fort sur les relations algéro-espagnoles. Selon toute vraisemblance, plusieurs autres problématiques, d'une importance avérée, seront également débattues. Il s'agit, sans doute, des rapports bilatéraux entre l'Algérie et l'Espagne, le phénomène de l'immigration clandestine et la lutte antiterroriste. Dans sa réponse au président de la République, le roi d'Espagne reconnaît que «durant les derniers mois, les réunions de haut niveau se sont intensifiées de façon considérable entre nos respectifs gouvernements». Une preuve de bon partenariat, à en croire Juan Carlos 1er. Le va-et-vient continu des responsables espagnols a été sanctionné par plusieurs décisions importantes à l'instar de l'accord conclu avec l'Algérie sur la conversion de la dette. Les deux pays, liés depuis 2002 par un traité d'amitié, ont également paraphé, durant la même période, un protocole financier de 100 millions d'euros destiné à accompagner les projets des PME-PMI. Demeurent, par ailleurs, plusieurs projets communs en suspens à l'instar de certains accords d'extradition et l'intérêt accordé, puis gelé, par les entreprises espagnoles aux privatisations. Le Royaume de Juan Carlos demeure, néanmoins, complètement dépendant de l'Algérie en matière d'énergie. L'on a annoncé dans la foulée la finalisation, dans les mois à venir, du projet de gazoduc Medgaz. Le roi, accompagné du président Bouteflika, se déplacera dans l'ouest de l'Algérie, à Oran et Béni-Saf, et devra inaugurer le projet Medga et Fertial à Arzew, avec la construction de la plus grande usine d'ammoniaque. Le roi Juan Carlos se dit «convaincu» que son voyage présente une «nouvelle occasion de resserrer les liens d'amitié et de coopération». Juan Carlos devra assister également, en compagnie du président Bouteflika, au forum d'affaires algéro-espagnol, prévu à Alger les 14 et 15 mars.