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Le mur de la peur brisé
SOIREES RAMADHANESQUES À TIZI OUZOU
Publié dans L'Expression le 02 - 09 - 2010

Les cheb Khaled, Mohammed Allaoua, Aït Menguellet et autres artistes ont été au firmament.
Jamais, dans les annales, il n'a été observé un mois de Ramadhan aussi animé dans la wilaya de Tizi Ouzou! Ramadhan 2010 est un mois exceptionnel dans la région. Depuis le premier jour du mois sacré, les activités artistiques et les veillées n'ont pas cessé dans les quatre coins de la wilaya. Les soirées se déroulent dans une sérénité absolue. Ramadhan de cette année présage des beaux moments de liesse pour la wilaya. Il vient aussi signer une rupture définitive avec les longues années d'apnée dans lesquelles étaient plongées Tizi Ouzou et ses montagnes. Des efforts sont consentis pour toutes les parties concernées par l'organisation des soirées de Ramadhan. La peur, qui empêchait les gens de sortir la nuit, les années précédentes, semble avoir disparu. En tout cas, l'ambiance qui règne chaque soir, aussi bien dans la ville de Tizi Ouzou que dans les chefs-lieux de daïra et les villages, est une preuve que le Ramadhan de cette année est loin d'être comme les autres. La direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou, la direction du théâtre régional Kateb-Yacine, certaines APC et un nombre important d'associations culturelles, ont mis les bouchées doubles afin de faire du Ramadhan 2010 un mois, non seulement sacré mais aussi très animé. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, l'animation ne se limite pas cette année au chef-lieu de wilaya qui connaît un engouement sans précédent en la matière avec, notamment les deux spectacles historiques de Khaled et de Mohamed Allaoua au stade Oukil-Ramdane de Tizi Ouzou et le gala de Aït Menguellet. La direction de la culture ainsi que celle du théâtre régional Kateb-Yacine ont concocté un programme intéressant qui a drainé beaucoup de monde dans les chefs-lieux des communes et des daïras.
Au siège de la direction de la culture, on peaufinait encore les dernières retouches du programme des spectacles dans les localités des quatre coins de la wilaya. «Nous étions vraiment pris par l'organisation des deux spectacles grandioses de Khaled et de Mohamed Allaoua au stade Oukil Ramdane. Ces deux spectacles ont nécessité beaucoup d'efforts et beaucoup de temps, mais maintenant on peut se consacrer aux autres activités», confie Yazid qui fait partie du nombre important d'organisateurs des spectacles oeuvrant sous la houlette du directeur de la culture et également directeur de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri. Le programme dans les localités est aussi riche que celui tracé à la salle de la Maison de la culture. Selon le menu, plusieurs chefs-lieux de daïras et de communes recevront des artistes de la région dont certains sont très connus. Parmi les localités visées dans un premier temps par le programme de la direction de la culture, on pourrait citer Aït Bouaddou, Draâ Ben Khedda, Taourirt Mokrane, Tizi Rached, Taka N'ath Yahia, Tigzirt, Takana, les Ouadhias, Aïn El Hammam, Maâtkas, Tanalt, et Aït Oumalou. La direction de la culture a mis tous les moyens nécessaires pour la bonne tenue de ces spectacles qui s'étaleront jusqu'au dernier jour du mois de Ramadhan.
Un personnel spécial a été affecté à l'effet d'assurer l'encadrement et le service d'ordre pour ces galas dont certains se tiennent en plein air. La disponibilité des artistes est un fait à saluer car tous les efforts ont été conjugués afin de faire sortir la wilaya de Tizi Ouzou de la léthargie dans laquelle elle n'a cessé de se débattre à cause du terrorisme mais aussi du fait qu'il s'agit d'une région prise en otage politiquement. Et ce sont ses enfants qui font à chaque fois les frais d'une instrumentalisation politique et partisane qui n'a pour seule et unique visée qu'une course effrénée vers des privilèges qu'offrent certains postes politiques.
La prise de conscience collective qui s'est effectuée dans les quatre coins de la wilaya ont permis à cette dernière de retrouver son lustre d'antan et bien plus, puisque cette année, la fête est au rendez-vous tous les soirs. Ce qui n'a pas été observé depuis très longtemps.
Des chanteurs auxquels il a été fait appel ont pratiquement tous répondu présent, à commencer par le king Khaled qui a pris son courage à deux mains et qui a été récompensé à juste titre par pas moins de 12.000 fans venus au stade de Tizi Ouzou le remercier d'être venu briser le mur de la peur que les ennemis de la vie et leurs suppôts directs ou indirects veulent éterniser pour garder des privilèges mirobolants et un tutorat autoproclamé sur la région.
Par ailleurs, au niveau du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou, la ville n'a pas cessé de vibrer au rythme de la chanson kabyle. Pour les jours qui suivront, la grande salle de la Maison de la culture accueillera de grands noms de la chanson kabyle à l'instar de Nouara qui se produira le samedi 4 septembre, Akli Yahiatène le mercredi 8 septembre, Chérif Hamani et Hamid Aït Lounis pour le mardi 7 septembre, Yasmina, le vendredi 3 septembre, Saïd Youcef, le jeudi 2 septembre, en plus d'une quinzaine d'autres artistes plus ou moins connus. Pour la soirée de la nuit du Destin (27e jour de Ramadhan), la Maison de la culture programmera un spectacle 100% chaâbi avec Abdelkader Chercham, El Anka, Galliz, Rachid Bellik et Boualem Chir.
Cela, pour ce qui est des prévisions mais, depuis le début de Ramadhan, la ville de Tizi Ouzou a vu défiler plusieurs autres chanteurs sur scène, à l'image de Lounès Kheloui, Hacène Ahrès, Fahem Moh Saïd, Taleb Tahar, Brahim Tayeb (qui s'est rétracté quant à sa décision de quitter la scène), Djilali Hamama, Ali Ferhati, Lani Rabah, Hadad Fatah, Boudjemaâ Agraw, etc.
Les soirées se sont déroulées dans un cadre organisationnel impeccable grâce à l'abnégation des équipes faisant partie de cette fonction. Le mouvement associatif de la wilaya n'est pas resté les bras ballants et n'a pas hésité à mettre la main à la pâte. Il est impossible de citer l'ensemble des activités organisées par les associations au courant de ce mois sacré dans les quatre coins de la wilaya, mais on pourrait prendre l'exemple de l'association culturelle Tarwa N'gaya de Redjaouna qui a réussi à monter des activités qui sortent de l'ordinaire. Son président Youcef Radji, rencontré à Tizi Ouzou, nous a précisé qu'il s'agit d'une caravane culturelle et humanitaire qui touche, en plus de la wilaya de Tizi Ouzou, celles de Bouira, Alger et Oran. La caravane en question est organisée grâce aux associations Sud-Nord Evolution et Humanit-Art de Lille en France. La dernière halte de cette caravane a été le grand village de Djemâa Saharidj dans la commune de Mekla.
Les citoyens de cette localité ont eu droit, dans la soirée de samedi dernier, à des moments émouvants, notamment avec la cérémonie de remise de prix au club de la région, à savoir l'Usds (l'Union sportive de Djemâa Saharidj). C'est en plein air que l'animation artistique a eu lieu dans une ambiance bon enfant. Parmi les artistes qui ont pris part à cette caravane culturelle et humanitaire, on peut citer Oujrih, Kamel Chenane, Tanina et Aït Hamid. Cette caravane qui a aussi visité la semaine dernière des localités de la wilaya de Bouira comme Bechloul, Aïn Turk, se déplacera à Alger et Oran. Selon notre interlocuteur, des milliers de personnes ont assisté aux soirées qui se sont déroulées en plein air. Aussi, dans le cadre de la caravane, un documentaire sera projeté sur le village Djemâa Saharidj. Il est intitulé 99 fontaines. Les animations de spectacles avec des chanteurs sont aussi au rendez-vous dans les localités de Aïn El Hammam et Larbaâ Nath Irathen. Aussi, au titre des activités du mois de Ramadhan, des soirées théâtrales sont en cours actuellement. Elles sont organisées par le Théâtre régional de Tizi Ouzou. Il s'agit aussi d'une caravane de théâtre qui a sillonné plusieurs localités de la wilaya, à l'exemple Ililten, Azeffoun, Timizart, Tizi Rached, Draâ Ben Khedda.. Plusieurs troupes théâtrales ont pris part à ces soirées. Elles sont venues des wilayas de Médéa, Batna, Alger, Boumerdès, Oran et autres...
Toujours au volet théâtre, la commune d'Aït Bouaddou abritera jusqu'au 5 septembre prochain des journées théâtrales préparées par une association locale en collaboration avec l'APC. L'animation artistique se poursuivra jusqu'à la dernière seconde du mois de Ramadhan, apprend-on. Ainsi, le 3 septembre aura lieu la présélection du concours national de la chanson amazighe.
Ce dernier verra la participation de chanteurs issus de plusieurs wilayas, à l'instar de Béjaïa, Sétif, Alger, Ghardaïa, Bouira et Bordj Bou Arréridj. Toutes ces activités ne doivent pas faire oublier les animations traditionnelles, notamment dans les villages de Kabylie avec les visites familiales régulières durant les soirées qui se prolongent jusqu'à l'heure du s'hour ainsi que celles observées dans les cafés où les parties du jeu de hasard, particulièrement «le loto», sont au rendez-vous tous les soirs.


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