Le Gouverneur de la Banque d'Algérie présentera, aujourd'hui devant les députés, le rapport annuel dans lequel il relève les défaillances et négligences dans le dispositif de contrôle des opérations financières. Encore du pain sur la planche pour les banques et établissements financiers algériens en matière de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Le rapport de la Banque d'Algérie pour l'année 2009 dévoile de graves carences des mécanismes mis en place pour lutter contre ces fléaux. Durant l'exercice 2009, la Banque d'Algérie a procédé au contrôle de quatre banques et un établissement financier. L'objectif de cette démarche consiste à évaluer leur dispositif de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Les premiers résultats de cette «enquête» ont démontré un laxisme et un laisser-aller des cinq institutions contrôlées sur ce chapitre. Le rapport annuel de la Banque d'Algérie portant sur «le développement économique et monétaire de l'Algérie» dévoile les limites de ces établissements à lutter efficacement contre ces deux fléaux. «Les démarches entreprises par les banques, mises sous contrôle, ont dévoilé des carences en matière de lutte contre le blanchiment d'argent», note ce document, que présentera aujourd'hui le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksasi, devant les députés. Le constat de la Banque d'Algérie a montré des défaillances en ce qui concerne, notamment, la mise en oeuvre opérationnelle du dispositif. «Suivant le constat des missions, ce dispositif, mis en place dans les cinq institutions contrôlées intégralement en 2009, demeure encore partiellement incomplet dans sa partie de mise en oeuvre opérationnelle», note le rapport. Selon la Banque d'Algérie, les quatres banques et l'établissement financier contrôlés ont fait preuve de négligence des dispositifs de contrôle de leurs opérations monétaires. Il s'agit d'abord, de la désignation tardive du correspondant de la Cellule de traitement du renseignement financier (Ctrf), le manque de rigueur dans le traitement des dossiers d'ouverture des comptes bancaires au profit de clients, le manque de vigilance et de précision dans la mise en oeuvre du dispositif de lutte contre le blanchiment d'argent. Dans son volet relatif à l'exercice de la vigilance, le rapport fait état de l'absence de plusieurs pièces, notamment l'adresse du client, les documents justifiant l'activité du client et les conventions spéciales avec les correspondants de la Ctrf concernant les comptes bancaires ouverts. Le rapport démontre, également, des carences dans les procédures relatives à l'identification du client. Il a été constaté l'absence de documents justifiant les ressources financières des clients, ainsi que l'absence de documents justifiant les opérations économiques suspectes. C'est autant d'inquiétudes, d'interrogations et de constats établis par la Banque d'Algérie concernant le dispositif de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Sur un autre registre, le même rapport mentionne que les ressources des établissements financiers, à fin 2009, sont constituées des fonds propres (capital: 19,7 milliards de dinars; réserves: 2,6 milliards de dinars), des emprunts obligataires émis (6,9 milliards de dinars), des emprunts sur le marché monétaire interbancaire (31milliards de dinars). En 2009, les institutions financières ont octroyé moins de crédits comparativement à l'année précédente. Alors que les crédits octroyés en 2008 s'élevaient à 66,3 milliards de dinars, en 2009 les établissements financiers ont accordé 62 milliards de dinars. Une grande partie des crédits est accordée aux particuliers pour l'acquisition de biens durables. Le rapport mentionne, également, que les banques publiques assurent la quasi-totalité du financement du secteur public, alors même que leur part dans le financement du secteur privé demeure importante, soit 76,7% en 2009 contre 77% en 2008. Au cours de l'année 2008, le flux des crédits des banques publiques a plus bénéficié aux entreprises publiques (284,6 milliards de dinars), qu'aux entreprises privées et ménages, (104,4 milliards de dinars). Les banques publiques finançant les grands projets d'investissement des entreprises publiques dans les secteurs de l'énergie et de l'eau.