81 procès-verbaux ont été déposés pour des infractions dont la valeur a atteint 5429 millions de dinars. Mal structuré, très faible, incapable de concurrencer. Ce sont là les quelques remarques faites à l'adresse du secteur de l'industrie algérienne par la Banque d'Algérie. Ces observations sont contenues dans le dernier rapport sur «Le développement économique et monétaire algérien» qui sera présenté demain aux députés par le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci. Ce document révèle que seules 273 entreprises publiques et privées ont été créées en 2008. En revanche, il a été procédé à la fermeture de 629 entreprises industrielles depuis 2000. Ce même rapport annonce que 3200 entreprises sont menacées de fermeture à l'avenir. Les secteurs visés sont le textile, le cuir, le bois. Ces chiffres interviennent au moment où le dossier de la stratégie industrielle refait surface, avec la nouvelle orientation du gouvernement visant à soutenir le secteur public. Des centaines de milliards de dinars sont dépensés pour des plans de sauvetage des entreprises jugées par le gouvernement comme étant stratégiques. Quel sera le sort des employés et combien de travailleurs seront mis au chômage? Vraisemblablement, le gouvernement qui ne cesse d'évoquer son souci de résorber le chômage, sera appelé à s'expliquer sur ce dossier. Mauvaise note pour les banques privées Les banques privées sont sous haute surveillance. Malgré la batterie de mesures prises par le gouvernement pour améliorer le climat dans lequel évoluent les différents établissements financiers de la place, les banques privées peinent à s'adapter aux nouvelles normes, sciemment ou inconsciemment. En effet, selon des enquêtes chapeautées par la Banque d'Algérie est menées par ses inspecteurs, 52% des banques privées ne respectent pas les normes établies par le Conseil de la monnaie et du crédit, contre 37% de banques publiques et 11% d'institutions financières activant en Algérie. Les conclusions de cette enquête sont divulguées dans le rapport en question. Le document dont L'Expression a eu une copie, qui souligne les 63 opérations menées par les agents de la Banque d'Algérie en 2008 relatives au contrôle des documents, a fait ressortir 810 observations. On relèvera le non- respect des normes, le retard dans l'envoi des rapports, l'incohérence et les contradictions des rapports. Ainsi le retard dans le transfert des rapports, justifié en partie par des «problèmes techniques», prend de l'ampleur. On est passé de 226 cas en 2006 à 302 en 2008. «Des réunions et des rencontres sont organisées par la Banque d'Algérie avec les différentes parties concernées pour expliquer les modalités régissant les activités bancaires.» Cela se traduira, espère le gouverneur de la Banque d'Algérie, par une amélioration des relations entre les différentes banques de la place. Le maillon faible de la banque concerne le contrôle interne. L'absence d'un système homogène de contrôle interne au niveau réglementaire et opérationnel complique les choses. 69 plaintes déposées contre 13 banques Il faut savoir que le contrôle ne se fait pas au niveau des documents, les inspecteurs de la Banque d'Algérie ont mené des enquêtes sur place en 2008 au niveau de deux banques privées et de trois établissements financiers. La mission a consisté en le contrôle des portefeuilles des crédits, les opérations du commerce extérieur et la surveillance a touché aussi le service de paiement. En somme, 128 opérations ont été effectuées ayant touché des activités réglementées comme la création des banques, à celles, plus douteuses ayant un rapport avec le blanchiment d'argent. Et le constat du gouverneur de la Banque d'Algérie est loin d'être reluisant. «Les banques sont exposées à des risques opérationnels. Mais aussi, à des perturbations dans le système de contrôle. Pis encore, ces dernières ne maîtrisent pas tous les risques.» Les banques qui activent dans le domaine du leasing constituent une grande source d'inquiétude pour les autorités. D'ailleurs, une société dans ce domaine s'est vu retirer son agrément en 2008 par le Conseil de la monnaie et du crédit. Le rapport fait état aussi des risques de surendettement des familles, qui est une conséquence de l'augmentation du crédit à la consommation. Concernant maintenant les opérations du commerce extérieur, le rapport en question relève que près de 4000 dossiers de domiciliation ont été examinés appartenant à 10 banques privées et des banques publiques. 81 procès-verbaux ont été déposés pour des infractions dont la valeur a atteint 5429 millions de dinars. 69 plaintes ont été déposées dont 13 contre des banques et 56 contre des opérateurs. Au chapitre du blanchiment d'argent, les résultats de l'enquête menée en 2008 au sein de plusieurs banques ne sont pas encore connus. Mais le rapport met déjà en exergue les efforts fournis par l'Exécutif pour renforcer la législation afin de lutter contre ce phénomène. Par ailleurs, la solidité de la situation financière extérieure de l'Algérie est considérée par le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, comme l'une des raisons principales qui ont épargné au pays les effets de la crise économique et financière mondiale. Cet élément fait que l'Algérie est l'un des rares pays émergents à faible vulnérabilité externe, selon le gouverneur de la Banque d'Algérie.