Entre Alger et Moscou, il existe une longue tradition dans les relations politiques et économiques. Cela, même si l'on tente - à tort - de confiner au strict aspect militaire les rapports entre les deux pays. Lors de sa visite à Alger, le 6 octobre dernier, le président russe, Dmitri Medvedev, a qualifié de «stratégiques» les relations entre son pays et l'Algérie. Le président russe a rappelé que l'Algérie a été le premier pays du monde arabe avec lequel la Fédération de Russie a signé une déclaration de partenariat stratégique en avril 2001. M.Medvedev a émis le souhait de voir se développer davantage la coopération bilatérale entre les deux partenaires. Ce sont ces rapports particuliers entre les deux pays qui ne laissent pas indifférents que Son Excellence l'ambassadeur de la Fédération de Russie à Alger, M.Egorov Alexandre, a bien voulu aborder dans cet entretien qu'il a accordé en exclusivité à notre journal, sans oublier, bien évidemment, l'affaire VimpelCom avec Orascom Telecom. L'Expression: Après une période de froid, le président Dmitri Medvedev est arrivé le 6 octobre dernier à Alger. Excellence, comment évaluez-vous cette visite? Son Excellence l'ambassadeur: La Russie et l'Algérie sont des partenaires de longue date. Depuis l'année 2001, leur coopération a connu un nouveau développement. Au regard des rencontres bilatérales et des visites au plus haut niveau du président Vladimir Poutine à Alger en 2006 et du président Abdelaziz Bouteflika à Moscou en 2008. A l'issue de la visite officielle effectuée le 6 octobre 2010 par le président Dmitri Medvedev, président de la Fédération de Russie, à l'invitation du président Abdelaziz Bouteflika, président de la République Algérienne Démocratique et Populaire, six accords de coopération ont été signés dans des domaines différents. Le président de la Fédération de Russie, M.Dmitri Medvedev, a qualifié de «stratégiques» les relations entre la Russie et l'Algérie et émis le souhait de voir se développer davantage la coopération bilatérale entre les deux partenaires. Parmi six accords de coopération, les deux pays ont rendu publique une déclaration commune dans laquelle ils réaffirment les principes qui fondent leurs relations bilatérales, rappellent les buts et objectifs recherchés à travers les actions de coopération et d'échanges multiformes et identifient les voies et moyens à mettre en oeuvre en vue de leur réalisation. La Russie et l'Algérie ont décidé d'élargir leur coopération à tous les domaines et secteurs d'activité qui offrent un potentiel d'échanges bilatéraux, les deux parties réaffirment leur volonté de travailler solidairement à la concrétisation des principes contenus dans les différents accords signés entre les deux pays et dans la Déclaration sur le partenariat stratégique signée le 4 avril 2001 à Moscou. Une forte délégation d'hommes d'affaires a accompagné le président Medvedev. Quels sont les domaines précis qui intéressent les entreprises russes en Algérie? La coopération bilatérale doit se baser sur la coopération commerciale et économique. Les deux pays sont intéressés par l'approfondissements des relations dans ce domaine. Dans ce sens, le président de la Fédération de Russie, M.Dmitri Medvedev était accompagné par la délégation d'hommes d'affaires parmi lesquels: Alexei Miller (Gazprom), Michail Freedman (TNK-BP), Sergey Makarov (Stroitransgas), Evgeniy Gudzen-chuk (Zarubezhvodstroi), Oleg Demchenko (Irkut) et d'autres. Notre business s'intéresse à plusieurs actifs en Algérie, y compris des gisements de BP, et d'Orascom. On a fait des propositions à la partie algérienne et on attend la réaction. Certaines chancelleries étrangères estiment que la loi de finances complémentaire 2010 qui vient d'être promulguée en Algérie est peu propice à l'investissement. Peut-on connaître, Excellence, votre avis sur cette loi, et comment trouvez-vous le climat des affaires en Algérie? Notre coopération économique est bien présente dans plusieurs domaines. La vente d'armes, c'est seulement un de ses aspects. Au mois de juin 2010, le gouvernement algérien a invité la Russie et les opérateurs russes à participer au Programme algérien de développement 2010-2014. Cette invitation a été acceptée. Plus de 45 firmes russes de 20 régions du pays ont affiché leur volonté de venir en Algérie et d'organiser un forum d'affaires et une exposition de leurs produits et services, pour faire la présentation de leurs potentialités. C'est une bonne occasion pour les grandes compagnies, ainsi que pour les petites et moyennes entreprises des deux pays de déterminer les projets communs, d'établir les contacts nécessaires et d'esquisser le programme de travail ultérieur. Du 6 au 8 octobre 2010, c'était le premier Forum d'affaires russo-algérien et la première exposition des produits et services russes en Algérie. Les organisateurs de cette manifestation, les Chambres de commerce et d'industrie d'Algérie, les Conseils d'affaires russo-arabe et russo-algérien, de même que l'ambassade de Russie en Algérie ont fait tout le nécessaire à cet effet pour le bien de nos pays et le développement mutuellement avantageux de nos relations. En ce qui concerne la loi de finances complémentaire 2010 et les autres lois qui influencent le climat des affaires en Algérie, on les étudie très attentivement. Nos sociétés, qui sont déjà bien représentées dans votre pays et qui ont l'intention d'y travailler, respectent et suivent tous les changements dans la législation locale. Je suis absolument sûr que nos opérateurs économiques ont de grandes perspectives en Algérie, y compris les avantages mutuels. Les médias ont rapporté que le groupe de téléphonie VimpelCom a acheté des parts dans le groupe Orascom Telecom dont fait partie l'opérateur de droit algérien Djezzy. Il s'en est suivi une polémique par médias interposés. Pouvez-vous nous éclairer un peu plus sur ce dossier, Excellence? C'est un dossier éventuel de coopération qui a sa propre logique que celle des lois de l'économie de marché. Ce n'est pas à moi de définir la politique à suivre pour la société que vous évoquez, encore moins au gouvernement algérien souverain. Vous n'ignorez pas que le marché de la téléphonie mobile a ses propres lois. Il appartient donc en premier lieu au gouvernement algérien et à la société en question de définir la marche à suivre dans ce dossier. En ce qui nous concerne, notre rôle est de veiller à ce que les entreprises russes travaillent dans le cadre des lois russes, des lois internationales et du respect des lois du pays d'accueil. Dans une déclaration faite au journal américain The Financial Times, le directeur général de VimpelCom, Alexander Izosimov, a menacé de recourir à des instances internationales. A votre avis, à quoi est dû cet empressement? Je pense que cette question mérite d'être posée à M. Alexander Izosimov de VimpelCom. Le dossier de la téléphonie mobile a-t-il été abordé par les deux présidents? Les chefs d'Etat ont passé en revue les relations politiques, économiques, ainsi que d'autres domaines, y compris les moyens de les renforcer et de les développer. Rien n'a filtré sur le dossier des relations militaires, mais la confiance semble avoir été restaurée après l'épisode des Mig de l'année 2007. Le dossier des relations militaires existe depuis une longue période. Pour le moment, on est content de la dynamique et de la confiance dans les relations militaires entre la Fédération de Russie et la République Algérienne Démocratique et Populaire. On espère que ce domaine a de grandes perspectives. Un grand projet pour la modernisation du rail à Alger aurait été remporté par une entreprise russe, mais il traîne depuis plus de deux ans. Ce projet connaîtra-t-il une ébauche à la faveur de la visite du président Medvedev? La Russie a une très grande expérience dans le domaine du rail, y compris la modernisation. Notre pays est prêt à travailler dans ce domaine avec l'Algérie. On estime que la coopération qui en découlerait peut apporter des résultats fructueux pour les deux pays.