Les arguments du président du comité Nobel Thorbjoern Jagland pour expliquer l'attribution du prix Nobel de la paix au dissident Liu Xiaobo sont «fallacieux» et liés à son «système de valeurs partial», selon un virulent commentaire publié hier par Chine nouvelle. Trois semaines exactement après l'annonce du choix de Liu, condamné en 2009 à 11 ans de prison pour subversion pour avoir prôné une évolution du régime communiste chinois vers une démocratie pluraliste, Pékin ne décolère pas. La condamnation de Liu «est une question purement juridique qui relève de la souveraineté judiciaire de la Chine, et en aucune façon une question de droits de l'Homme», selon l'agence officielle chinoise. Chine nouvelle répond à une tribune publiée par M.Jagland dans le New York Times dans laquelle il affirme que «les lois et normes internationales en matière de droits de l'Homme s'imposent aux Etats nations, et la communauté internationale a le devoir de s'assurer qu'ils sont respectés». Selon Pékin, «l'idée de «droits de l'Homme au-dessus de la souveraineté», chère à certains pays, est rejetée par une majorité de pays au sein de la communauté internationale». La prééminence des droits de l'Homme sur la souveraineté n'est pas incluse dans la Déclaration universelle des droits de l'Homme de 1948, poursuit l'agence, qui accuse M.Jagland d'avoir «déformé la déclaration». Le comité Nobel «armé d'une idéologie de guerre froide, s'est senti autorisé à prendre le prétexte des droits de l'Homme pour enfreindre la souveraineté de la Chine». «Depuis que M.Jagland a pris sa présidence, le comité Nobel a sélectionné deux candidats controversés. L'an dernier, il a accordé le prix au président des Etats-Unis (Barack Obama), un pays qui livrait deux guerres en même temps», en Afghanistan et en Irak, toujours selon Chine nouvelle. «Les faits prouvent que M.Jagland et ses collègues ont de manière répétée utilisé le prix Nobel comme un instrument politique», conclut l'agence qui a publié jeudi sur son site Internet un portrait dépeignant Liu Xiaobo comme une personne cupide. «Je ne suis pas comme vous. Je ne manque pas d'argent. Des étrangers me paient tous les ans quand je suis en prison», aurait-il dit à ses codétenus, selon ce portrait.