Le prix Nobel de la paix 2010 a été attribué hier au dissident chinois emprisonné, Liu Xiaobo, 54 ans, “pour ses efforts durables et non violents en faveur des droits de l'Homme en Chine”, a annoncé le comité Nobel norvégien. Le statut de la Chine, devenue “la deuxième économie mondiale”, “lui impose plus de responsabilités”, a déclaré le président du comité Nobel, Thorbjoern Jagland. Le prix est traditionnellement remis à Oslo le 10 décembre, date-anniversaire de la mort de son fondateur, l'industriel et philanthrope suédois Alfred Nobel. Il consiste en une médaille, un diplôme et un chèque de 10 millions de couronnes suédoises (environ un million d'euros). Immédiatement après l'annonce du nom du lauréat, des gouvernements et des ONG ont souhaité ou demandé la libération de Liu Xiaobo. Le président américain, Barack Obama, a salué l'attribution du prix Nobel de la paix au dissident chinois Liu Xiaobo, et appelé Pékin à le libérer, un an après avoir obtenu lui-même la prestigieuse récompense. L'attribution du prix Nobel de la paix au dissident chinois Liu Xiaobo est une “victoire pour les droits de l'Homme dans le monde et pour tous les dissidents chinois”, estime HRW, et c'est un “geste d'une portée historique en faveur du mouvement pour la liberté d'expression en Chine”, selon RSF, ajoutant que ce prix est “un message d'espoir pour le lauréat”. Pour Amnesty international, ce prix “doit renforcer la pression internationale pour libérer Liu et les nombreux autres prisonniers politiques”, lit-on dans l'appel lancé par cette ONG pour la libération des détenus politiques. Des gouvernements ont appelé la Chine à libérer le dissident Liu Xiaobo. “La France, comme l'Union européenne, a exprimé sa préoccupation dès son arrestation, et appelé à sa libération à plusieurs reprises”, a rappelé le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. “Elle réitère cet appel. La France rappelle son attachement à la liberté d'expression partout dans le monde”, a ajouté le ministre français. Pour sa part, le gouvernement allemand “souhaite qu'il soit bientôt libéré pour pouvoir recevoir en personne son prix”, a dit le porte-parole du gouvernement, ajoutant que Berlin “s'était déjà engagé par le passé pour sa libération, et qu'il continuerait à le faire”. La Suède a rappelé qu'en décembre 2009, la présidence suédoise de l'Union européenne avait appelé la Chine à libérer immédiatement et “sans condition” Liu Xiaobo. L'ancien président polonais et lauréat de ce prix en 1983, Lech Walesa, s'est dit “très satisfait de la décision du comité Nobel” et y voit “un défi lancé à la Chine et au monde entier”. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, s'est contenté de féliciter le lauréat 2010 y voyant un “message fort à tous ceux qui, à travers le monde, se battent pour la liberté et les droits de l'Homme”. Enfin, la haute commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Navi Pillay, a salué la “reconnaissance” d'un “défenseur majeur des droits de l'Homme”. Le chef spirituel des Tibétains en exil, le dalaï-lama, prix Nobel de la paix 1989, a appelé à la libération immédiate du dissident chinois ainsi que “d'autres prisonniers d'opinion qui ont été incarcérés pour avoir exercé leur liberté d'opinion”. Le Premier ministre norvégien, Jens Stoltenberg, a félicité le dissident chinois malgré les mises en garde de Pékin contre un “geste inamical”. La Chine a estimé que le choix du dissident était “totalement contraire” aux principes du prix Nobel qu'il a “violés et blasphémés” et allait “nuire aux relations entre Pékin et la Norvège”.