La dirigeante du principal parti d'opposition norvégien a appelé hier à la démission du président du comité Nobel qui vient d'attribuer le prix Nobel de la paix à Barack Obama, estimant que ses nouvelles fonctions de président du Conseil de l'Europe menacent son indépendance. "Il serait politiquement intelligent que (Thorbjoern) Jagland, après avoir étudié la situation, dise qu'il démissionne pour éviter une double casquette malencontreuse", a déclaré Siv Jensen, la patronne du parti du Progrès (populiste de droite) au quotidien Bergens Tidende. Ancien Premier ministre travailliste (1996-1997) et chef de la diplomatie norvégienne (2000-2001), Thorbjoern Jagland a été élu fin septembre nouveau secrétaire général du Conseil de l'Europe, quelques mois après avoir pris ses fonctions de président du comité Nobel norvégien en février. La dirigeante du parti conservateur Hoejre, Erna Solberg, a également critiqué sa double fonction, soulignant qu'il avait été élu au Conseil de l'Europe avec le soutien de la Russie et qu'en conséquence, il pourrait éviter de récompenser des opposants ou des militants russes. Tout comme Siv Jensen, Mme Solberg a critiqué l'attribution du prix Nobel de la paix au président américain Barack Obama, qu'elle juge prématuré. "Au regard de l'attribution du prix, le Parti travailliste (AP) devrait considérer le rôle de Thorbjoern Jagland comme président du comité Nobel", dit-elle. Ceci étant, la presse mondiale était divisée hier au lendemain de l'attribution du prix Nobel de la paix au président américain Barack Obama, certains éditorialistes soulignant la victoire des idéaux, d'autres dénonçant une désignation très politisée. La désignation du premier président noir américain, âgé de 48 ans, apparaît pour la presse aussi surprenante que controversée. Le Washington Post évoque la stupéfaction générale que le Nobel de la paix soit décerné "à un président qui n'a pas achevé sa première année de mandat et n'a obtenu aucun résultat majeur sur le plan international". "L'étendue des réactions, d'une satisfaction exubérante dans certains endroits au mépris et au rejet dans d'autres, met en évidence les divisions politiques qu'engendrent son programme et sa façon de gouverner, sans parler de la politisation de ce prix", estime Dan Balz. Pour le New York Times, il s'agit d'une "reconnaissance mitigée", qui souligne "le fossé entre les ambitieuses promesses verbales et leur réalisation". Le conservateur Wall Street Journal explique, de son côté, que la réaction du journal à la nouvelle a été "la perplexité". C'est "l'un des plus grands chocs que le comité des Nobels ait jamais provoqué", affirme le Daily Telegraph de Londres, qui juge également ce choix éminemment politique, alors que les nominations ont été closes 12 jours seulement après l'arrivée au pouvoir du 44e président américain. En Inde, la désignation du président américain fait la une de la plupart des journaux, The Tribune titrant "Obama, le pacificateur du Nobel" et le Times "Une récompense de son vivant pour un Obama débutant". "Un prix qui donne de l'espoir au monde", estime de son côté à la une The Asian Age. En Chine, le Beijing News évoque "un prix d'encouragement", jugeant la décision du comité Nobel plus "symbolique" qu'autre chose. "Il est tellement tôt pour Obama pour remporter le prix Nobel", souligne le journal pour lequel cela risque de mettre "une grande pression" sur lui. Le United Daily News de Taïwan n'hésite pas à parler d'une victoire du populisme et du "langage creux", ajoutant qu'il s'agit "peut-être de la plus grande controverse depuis la création du prix Nobel en 1901". Une partie du monde musulman a réservé un accueil favorable à ce prix. En Indonésie, plus grand pays musulman au monde, le Jakarta Globe désigne le chef d'Etat américain comme une "personne extraordinaire".