C'est beaucoup plus la star de la télévision française qui a intéressé les journalistes. A la veille de sa conférence, prévue pour hier dans le cadre de la 15e édition du Salon international du livre d'Alger, Patrick Poivre d'Arvor a animé une conférence de presse devant les journalistes de la presse algérienne. C'est beaucoup plus la star de la télévision française qui a intéressé les journalistes, puisque la majorité des questions étaient centrées autour de l'audiovisuel. Interrogé au sujet des chaînes d'information arabes en continu qui se sont imposées depuis leur lancement, l'orateur n'a pas vu d'un mauvais oeil cette nouveauté. Au contraire, a-t-il précisé, la concurrence est bonne. Il a rappelé qu'elle crée la stimulation et de ce fait, il y a création. PPDA a précisé que ces chaînes font preuve de professionnalisme. Elles constituent de véritables concurrentes pour les chaînes françaises, notamment dans les pays du Maghreb où elles sont très suivies, ajoute PPDA. En revanche, ce dernier a indiqué qu'en France, elles n'ont pas d'audience. Abordant un autre sujet, PPDA a précisé que l'ensemble des médias appartiennent à des groupes industriels et ça a toujours été comme ça partout à travers le monde: «Les plus grosses fortunes ont intérêt à ce que leurs chaînes soient regardées par le maximum de téléspectateurs. Mais dans ce créneau, il ne faut pas oublier qu'il y a une âme. C'est l'âme du métier et ce sont les journalistes qui détiennent cette dernière.» Un autre journaliste a demandé de savoir quel était l'avis de PPDA au sujet de la politique de l'Etat français vis-à-vis des étrangers qui y résident. Le conférencier a d'abord rappelé que la France a des aspects de terre d'accueil incontestables et ce, de tout temps. C'est aussi la terre des droits de l'homme qui n'est pas un vain mot en France, a ajouté PPDA. Mais ce dernier explique qu'il se trouve que ces derniers temps, il y a une crise économique qui vient chambouler tout. «Quand cette crise économique est née, on s'est mis en France à chercher des boucs émissaires. On a trouvé que c'était l'étranger qui est là sans être là. Il vit en France sans les droits d'un citoyen français. On assiste donc à des réactions xénophobes regrettables.» Il a rappelé que si la France a, dans le passé, utilisé les travailleurs algériens, c'est qu'elle en avait besoin à une certaine époque: «Actuellement, nous vivons en France des moments économiques moins glorieux». Ce sujet a été l'aubaine pour PPDA de parler de la relation qu'il entretient avec l'étranger et avec l'Algérie: «L'étranger est une belle source d'inspiration. Mon premier contact avec l'Algérie date de mes dix-huit ans. J'ai fait le tour de la Méditerranée. C'était l'occasion de découvrir l'Algérie de l'intérieur. J'avoue que cette visite a été un moment magique. J'ai découvert qu'il n'y avait aucun rapport avec la perception qu'on avait en France, qui était faite de méfiance au sortir de la guerre d'Algérie. La méconnaissance de l'autre entraîne assez souvent la bêtise, mais quand on connaît l'autre, on apprend à l'aimer.» En réponse à une autre question, PPDA a affirmé qu'il a été marqué par beaucoup d'Algériens qu'il a interviewés à l'instar de Rachid Mimouni qu'il qualifie d'admirable et de courageux, de Kateb Yacine plein d'intelligence et du flamboyant Matoub Lounès. L'orateur a aussi indiqué qu'il a interviewé l'actuel président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qu'il connaît depuis qu'il était ministre de la Jeunesse. PPDA a précisé qu'il a eu des entretiens très fructueux avec le Président Bouteflika. L'invité du 15e Sila a sévèrement critiqué la presse à scandale très en vogue en France et qui porte atteinte dangereusement à la vie privée des gens. «Personnellement, il y a deux à trois rumeurs qui sortent à mon sujet chaque semaine. En arrivant ici à Alger, j'ai même appris que ma visite était annulée», illustre, avec une pointe d'humour, PPDA. Enfin et au sujet de la situation du livre et de la lecture, l'orateur a regretté leur recul partout dans le monde. La disparition des émissions littéraires à la télévision, la faiblesse de leur audience et la baisse des tirages des livres sont autant de preuves de ce qu'il avance: «Il y a trente ans, pour être qualifié de best-seller, un livre devait vendre plus de 200.000 exemplaires. Aujourd'hui, on parle de best-seller à partir de 50.000 exemplaires».