Il vient d'être décoré de l'Ordre du mérite olympique international. Mustapha Berraf, qui a quitté la présidence du Comité olympique algérien (COA) depuis 2 ans, est demeuré toujours actif puisqu'il assume actuellement les fonctions de 1er vice-président des Comités olympiques africains, chargé des relations avec les gouvernements et des conflits. Mustapha Berraf (56 ans) est considéré comme le dirigeant sportif algérien le plus décoré, puisqu'il est déjà Chevalier du CISM et détenteur de l'Ordre du mérite de l'Association des Comités nationaux olympiques. Il a bien accepté de répondre aux questions de l'Expression pour évoquer, entre autres, cette distinction dont il a fait l'objet tout en parlant de la situation actuelle du sport en Algérie et des péripéties que connaissent le COA, le basket-ball et le football. L'Expression: Vous venez d'être décoré de l'Ordre du mérite olympique international, quelles sont vos impressions à propos de cette autre distinction? Mustapha Berraf: J'ai été informé officiellement que la Commission exécutive du Comité international olympique m'a rendu récipiendaire de cette haute distinction à Acapulco et j'en suis très fier en tant qu'Algérien. Je suis très reconnaissant à tous ceux qui m'ont aidé dans l'exercice de mes fonctions en Algérie et en Afrique, car je n'aurai rien pu faire sans eux. Le mérite leur revient d'abord, à eux, et à ma famille ensuite, qui m'a toujours soutenu. On rapporte que vous jouissez d'une grande réputation de franc-tireur et d'homme de droit et qu'à ce titre, les CNO africains vous vouent une grande confiance. Qu'en est-il au juste? Je jouis effectivement de cette confiance des Comités olympiques nationaux en Afrique, qui m'honore, mais, je jouis également et surtout, de la confiance du président de l'Acnoa, le général Palenfo, qui est un grand ami de l'Algérie et de l'instance supérieure de l'olympisme dans le monde, le CIO. Je fais, en tout cas, de mon mieux pour mériter cette confiance même si, parfois, je suis investi de missions extrêmement délicates qui, Dieu merci, ont été couronnées de succès. Vous avez quitté le Comité olympique algérien (COA) depuis près de 2 ans et vous êtes incontournable en Afrique avec l'Acnoa. Qu'en est-il de vos fonctions actuelles? J'occupe actuellement les fonctions de 1er vice-président des Comités olympiques africains, chargé des relations avec les Gouvernements et des conflits. Et puis-je me permettre de vous préciser, qu'en ce qui concerne ce chapitre, les choses ne sont vraiment pas si simples. Revenons en Algérie pour évoquer les grandes turbulences que le sport connaît actuellement. Qu'en pensez-vous? Je préfère ne pas répondre à cette question et ce, pour des raisons essentiellement d'éthique. Mon seul souhait est que le sport algérien réussisse de grandes performances mondiales et qu'il donne de la joie aux Algériens. Et pour cela, il faut s'armer de patience et redoubler d'efforts, car il existe dans le monde une concurrence impitoyable. Il me semble que les pouvoirs publics sont sensibles à cette question épineuse et que de gros moyens ont été dégagés. Il faut, cependant, rester optimiste. Le COA, lui aussi connaît une période de turbulences. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet? Je me satisferai de souhaiter que cette organisation formidable connaisse toute la stabilité qui lui revient. Il ne faut pas du tout oublier que le COA est l'autorité morale du sport algérien et que son rôle est primordial pour le développement et la pérennité de l'olympisme. Le président du COA a évoqué, récemment, dans un entretien à un de nos confrères, qu'il compte effectuer des amendements aux statuts du COA. Que vous inspire cette décision? Je pense, pour ma part, qu'actuellement ce n'est point la priorité, celle-ci est la préparation des Jeux olympiques de Londres 2012. Honnêtement, au regard de que j'ai lu dans un quotidien algérien, il y a beaucoup à dire concernant le changement des statuts du COA. Mais je préfère accorder la primauté au résident du COA et lui relater, en direct, mes préoccupations sur l'avenir de cette magnifique organisation. Quel est votre commentaire sur le bras de fer opposant le président de la JSK, Mohand Chérif Hannachi au président de la FAF, Mohamed Raouraoua? Cette situation me désole. J'ai été celui qui a réconcilié Hannachi avec Allik. Il est temps que les deux personnalités se réconcilient et que le fautif présente ses excuses et on en finit une bonne fois pour toutes. Les affaires du sport ne se règlent pas, en principe, dans les tribunaux. Je ne vais pas trop m'étaler sur le sujet, d'autant que je ne connais pas les tenants et les aboutissants de cette malheureuse histoire. Il est donc temps d'opérer une réconciliation entre ces deux personnalités, représentants du football algérien, aussi bien en Algérie qu'en dehors de notre cher pays. Que pensez-vous du passage au professionnalisme du football algérien alors que des présidents de club interpellent le président de la FAF au sujet des problèmes qu'ils rencontrent dans ce contexte? Instaurer le professionnalisme du football en Algérie est une très bonne chose. Mais, cette opération très importante doit être accompagnée de mesures concrètes en s'étalant sur une période échelonnée. C'est une manière d'opérer qui se respecte pour avancer à grands pas vers le professionnalisme et éviter, au fur et à mesure, les écueils. De toute évidence, le changement de méthode a son côté positif et l'intérêt est que le football algérien se professionnalise et retrouve la qualité de performance appréciable. De toute façon, cela ne pouvait durer avec cet amateurisme déguisé. Les mesures d'accompagnement envisagées par le gouvernement sont à saluer et devraient s'étendre à d'autres disciplines pour les développer et obtenir, par la suite, des performances dignes de la place qu'occupe notre pays dans le monde. L'Equipe nationale de football risque de ne pas se qualifier à la prochaine Coupe d'Afrique des nations 2012. Un mot là-dessus? Je pense que l'équipe d'Algérie nous a gratifiés d'un résultat exceptionnel, en participant à la Coupe du Monde. Alors, il faut continuer à faire confiance aux joueurs en les assurant de tout notre soutien. Le soutien de tous, cela s'entend. Les querelles intestines doivent être bannies, car elles ne feront qu'envenimer davantage la situation. Il est tout à fait évident que vous n'allez pas échapper à des questions sur le basket-ball algérien du fait que vous étiez un joueur international et président de la Fédération algérienne de la discipline. Or, on remarque que cette discipline traverse une situation très délicate. Comment appréciez-vous la situation? Le basket-ball algérien nécessite actuellement une refondation et une vision prospective, plus perspicace et plus rationnelle. Il y a nécessité de pourvoir au départ de l'ancien Bureau fédéral et de son président, le Dr Boualem Chachoua par de nouvelles élections. Comme vous le savez, la loi algérienne ne prévoit pas de directoire et par voie de conséquence, il y a donc nécessité de remettre de l'ordre dans la maison et de légitimer un nouveau Bureau fédéral de la FABB. Le basket-ball est une discipline extrêmement compliquée et difficile à diriger. Les divisions et perturbations actuelles ne peuvent trouver leur explication que dans le désordre et une dilution de l'organisation. Il est temps de mettre un terme à la confusion qui veut que des gens fassent du cumul de fonctions en exerçant les missions de techniciens et en même temps de dirigeant. Bien qu'il soit nécessaire de le dire, les personnes actuellement à la tête du directoire, sont des hommes du basket-ball et des personnes compétentes. La question se pose donc en termes de principe de droit et de légitimité et en termes de choix de personnes. Est-ce à dire que vous seriez prêt à revenir au sein de la discipline? Je suis intéressé d'aider le basket-ball en tant que membre de droit de l'assemblée générale et en tant qu'ancien joueur de l'Equipe nationale, avec toutes les capacités, mais pas pour postuler à un quelconque poste de responsabilité. Et pourquoi donc? Il existe une nécessité de transition qui doit se faire et on ne peut donc indéfiniment rester à la tête d'une association. Je pense qu'il y a suffisamment de personnes avisées et compétentes dans le basket-ball algérien pour bien diriger la discipline. Je peux vous assurer que nous serons à leurs côtés pour toute assistance qu'ils souhaiteraient. Le basket-ball est une partie de ma vie et de ma jeunesse et comme vous le savez, je ne peux m'en départir. Quelle serait enfin votre conclusion à cette interview? La vision future en direction du sport algérien est désormais de tenir compte de l'avis des techniciens dans toutes les actions entreprises, d'une part, et d'autre part, pour les perspectives envisagées, il va falloir désormais tenir compte des réalités du terrain et des difficultés algériennes. Le modèle est universel, mais la spécificité est bel et bien algérienne. Les jeunes athlètes doivent être orientés suivant leur morpho-type. J'ai été extrêmement peiné, à Acapulco, lorsque le Comité olympique national espagnol a annoncé qu'il devrait lancer le sport et les valeurs olympiques dans le milieu éducatif alors que cela a été fait chez nous depuis déjà six années et que cela n'a pas été du tout suivi. Nos idées quand elles sont salvatrices, doivent s'éloigner des complications dues aux querelles des grandes personnes. Nous avons besoin de sérénité. C'est en mettant la main dans la main que l'on pourra réussir des projets et des programmes à la mesure de notre grande nation.