L'Alsace lui a laissé un drôle de goût en bouche. «En dehors de la pelouse, c'était parfait. Je m'y suis même fait des amis. Sportivement, ça a été plus difficile», acquiesce Yassine Bezzaz, 29 ans au compteur du temps. Lui était arrivé à Strasbourg en janvier 2009. Il venait de Valenciennes où il avait signé en 2005 après s'être fait repérer à la JS Kabylie et avoir ensuite fait rouler le ballon du côté d'Ajaccio pendant trois saisons. Il était parti du Nord pour «viser plus haut, dans un club ambitieux comme le Racing», il s'était retrouvé presque nu comme un ver un soir de mai du côté de Montpellier. «Pour un point, nous ne sommes pas montés en Ligue1. C'était terrible, mais moins que la saison suivante.» Là, Yassine Bezzaz va juste connaître les pires mois de sa carrière. «Mon début de saison avait été correct, mais tout s'est mal enchaîné», reprend le milieu offensif, côté gauche, de l'ES Troyes AC. Il part à la Coupe d'Afrique des Nations avec la sélection algérienne en janvier 2010, s'y blesse sérieusement (ligaments croisés d'un genou), rate la fin de la saison avec le Racing et... la Coupe du monde en Afrique du Sud. «Tous ces événements m'ont beaucoup touché. Strasbourg devrait être en Ligue1, il se retrouve en National. C'est dur. En plus, je n'ai rien pu faire pour éviter sa chute, soupire le gaucher. Puis, pour couronner le tout, je n'ai pas pu partir avec la sélection. Oui, j'ai vécu six mois cauchemardesques.» Alors, quand on lui parle du SC Schiltigheim, il semble esquisser un sourire. «Si nous ne nous comportons pas en professionnels, à 100% de nos capacités et de notre concentration, on pourrait avoir une mauvaise surprise. Et puis, on nous a raconté ce qui s'était passé en 2003.» En 2003, les Troyens de Faruk Hadzibegic, pourtant en Ligue 1, s'étaient fait éliminer sans coup férir par les Schilickois de...José Guerra (3-1). «Les supporters et les dirigeants nous ont parlé de ce match. Il avait fait mal ici. Ce samedi, on sait que ce sera très compliqué. Nous jouerons dans des conditions dont nous n'avons pas l'habitude. Mais le club tient à ce que nous fassions un très beau parcours», explique celui qui dit avoir «mis quelques matches à retrouver le rythme» et qui gagne du temps de jeu au fil des semaines. «Je suis content d'avoir retrouvé Jean-Marc Furlan. Je me sens bien à Troyes.» En fait, il ne souhaite qu'une chose: ne pas avoir à se souvenir des autres. Le cauchemar recommencerait alors. «Je veux repartir d'Alsace avec le sourire, cette fois.»