La couleur de peau, l'origine et la religion, sont les principales sources de stigmatisation qui exposent au racisme français. Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) a mis en garde contre la tenue, le 18 décembre à Paris, d'un congrès international à caractère raciste se déclinant sous le titre suggestif «D'assises sur l'islamisation de nos pays». Dans une lettre ouverte au maire de Paris, le Mrap exprime son «inquiétude» face à un événement à dimension nationale, voire internationale qui devrait réunir «bon nombre d'extrémistes de droite», citant le Bloc identitaire et plusieurs de ses structures annexes. Pour les rédacteurs de l'appel, Bloc identitaire est «connu comme un mouvement activiste d'extrême droite implanté en France et prônant ouvertement la violence». Ils en veulent pour preuve une affiche de groupe collée à Paris, le 13 octobre dernier, intitulée «Identitaires pas sécuritaires», affirmant que «c'est donc à chacun d'entre nous d'apprendre à se défendre. Il devient obligatoire pour tout jeune blanc de moins de 30 ans d'apprendre à se défendre s'il ne veut pas devenir une proie. L'autodéfense n'est pas innée, il faut l'acquérir et vite». De cette manière, estime le Mrap, le mouvement Bloc identitaire appelle à se faire justice lui-même, puisque, comme il est affirmé sur la même fiche, «celle-ci (la sécurité) ne saurait relever uniquement de la police et des tribunaux dont l'inefficacité est criante». Dans sa lettre, le collège de la présidence du Mrap prie le maire d'intervenir auprès du préfet de Paris pour «interdire la tenue de ce congrès», faute de quoi, prévient-il, il y aurait lieu de craindre des débordements et d'éventuelles agressions de la part des extrémistes affichés parmi les organisateurs de cet événement. Il signale que dans cette même hypothèse, le Mrap «serait amené, avec d'autres organisations démocratiques et antiracistes, à manifester une opposition à la tenue de cet événement». Depuis ces dernières années, le racisme semble reprendre du poli de la bête en France. En témoignent d'ailleurs les innombrables actes commis à l'endroit des immigrés. Près de 14% de l'ensemble des personnes résidant en France, âgées de 18 à 50 ans, déclarent avoir été victimes de discrimination quel que soit le motif ou la situation, au moment où 26% des immigrés se sont déclarés le plus souvent discriminés, indique l'étude «Enquête sur la diversité des populations en France», rendue publique jeudi. Parmi les personnes immigrées, 26% se déclarent discriminées, comme 24% de leurs fils ou filles. Les immigrés et leurs enfants sont ainsi 2,5 fois plus nombreux à se déclarer discriminés (10%) que le reste de la population. Les immigrés d'origine maghrébine et leurs descendants sont ensuite les personnes qui s'estiment le plus souvent discriminées: 30% des immigrés en provenance d'Algérie, 39% de leurs descendants immédiats. La même enquête indique, par ailleurs, que près de la moitié des personnes originaires d'Afrique noire et leurs enfants déclarent connaître le plus de discriminations (respectivement 47 et 49%). Les ultramarins se sentent également souvent discriminés: 31% des natifs d'un département d'Outre-mer estiment l'avoir été, 40% parmi leurs fils ou filles. Une analyse des facteurs influençant la probabilité de se déclarer discriminés montre que les femmes et les plus de 35 ans déclarent moins de discriminations que les hommes et les jeunes. A l'opposé, le fait d'être au chômage, d'avoir suivi des études supérieures ou d'être musulman, augmente les déclarations de discriminations. Ainsi, l'accès au logement est toujours plus difficile pour les immigrés et leurs descendants, notamment en raison des discriminations dont ils font l'objet. L'indicateur de discrimination mobilisé dans l'enquête correspond à des «refus sans raison valable d'un logement» durant les cinq dernières années. L'enquête révèle aussi que 13% des immigrés et 9% de leurs descendants ont le sentiment d'avoir connu une discrimination au logement et parmi eux, 70% des immigrés et 53% de leurs descendants invoquent la couleur de peau ou l'origine comme un des motifs de leur discrimination. Les discriminations fondées sur l'origine réelle ou supposée et sur la couleur de peau ne recouvrent pas exactement les mêmes expériences que le racisme, même si elles prennent place dans un contexte social plus global de stigmatisation et d'hostilité envers les minorités racialisées ou ethnicisées, souligne la même enquête. Comme pour les discriminations, les immigrés déclarent un peu moins souvent que les descendants d'immigrés ont subi une expérience raciste au cours de leur vie (32% contre 36%). Les écarts entre immigrés et descendants sont particulièrement prononcés pour les originaires d'Asie du Sud-Est et de Turquie, et dans une moindre mesure, pour les originaires du Maghreb. La couleur de peau, puis l'origine et la religion, constituent les principales sources de stigmatisation qui exposent au racisme dans la société française.