Dans un discours fleuve de plus de deux heures, le Premier ministre a répondu globalement à toutes les questions des sénateurs. Le Premier ministre, qui manipule admirablement les mots, a fait, hier, un tour d'horizon sur presque tous les sujets d'actualité lors de ses réponses aux sénateurs dans le cadre des débats sur la Déclaration de politique générale du gouvernement. De la jeunesse à l'agriculture, en passant par la corruption, les collectivités locales, la santé, l'éducation... Ouyahia n'a oublié aucune question. A propos de la corruption et de l'exécution de la dépense publique d'abord, le Premier ministre a répondu, non seulement aux sénateurs mais aussi à la commission que préside Farouk Ksentini qui a estimé, dans son dernier rapport, que la corruption mine les fondements de l'Etat. «L'Algérie n'est pas gangrenée par la corruption», a-t-il affirmé, saluant au passage les cadres de l'Etat qui assument pleinement leur responsabilité. Cependant, M.Ouyahia a reconnu l'existence de ce phénomène que l'Etat n'hésitera pas à combattre. «Oui, l'argent sale existe», a-t-il toutefois nuancé. Pour justement lutter contre cet argent sale, le Premier ministre est revenu sur la batterie de mesures prises par le gouvernement dans le cadre de la lutte contre ce phénomène. Il a mis en exergue la décision de suivi de l'argent public, la régulation du transfert des capitaux transfrontaliers, la loi sur la monnaie et le crédit, le crédit documentaire (Crédoc) et la coordination entre la police et la douane en matière d'échange d'information. Selon lui, la bataille lancée contre ce fléau a commencé à porter ses fruits. Dans le même ordre d'idées, le Premier ministre est revenu sur la directive présidentielle n°3 de décembre 2009. Il a évoqué, entres autres, la réévaluation du rôle de l'Inspection générale des finances (IGF), l'élargissement des prérogatives de la Cour des comptes, le cadrage des marchés publics et l'introduction de la déclaration de probité morale aux opérateurs pour l'obtention de marché public et la création de pôles de la police judiciaire et de l'organisme de lutte contre la corruption. Le Premier ministre a, en outre, souligné que le gouvernement vise à travers l'exécution de la dépense publique, quatre objectifs. Il s'agit de donner la priorité aux entreprises nationales, lutter contre le gaspillage et les atteintes aux deniers publics, l'obligation de terminer l'étude technique des projets avant le lancement des travaux et l'accélération dans le rythme des travaux. Par ailleurs, M.Ouyahia a longuement abordé la question des collectivités locales avec tous les problèmes auxquels elles sont confrontées. M.Ouyahia a affirmé, dans ce sens, que l'Etat prendra en charge le manque d'encadrement au niveau des collectivités locales à travers le recyclage de près de 5000 cadres dans les différentes spécialités et le recrutement de 10.000 universitaires. Le Premier ministre a précisé que le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales avait récupéré l'Ecole nationale d'administration et le réseau des centres de formation administrative en pleine expansion en vue de pallier le manque enregistré. Concernant la carence de moyens au niveau des communes, M.Ouyahia a rappelé que l'Etat avait effacé les dettes des communes à deux reprises durant les dix dernières années, soulignant que l'Etat prendra en charge de nombreuses doléances des citoyens à travers le programme quinquennal 2010-2014. Il a rappelé également que l'Etat contribue au financement des APC à travers les Plans de développement communal (PCD) à raison de 60 milliards de dinars par an. «La commune doit pouvoir assurer ses propres revenus, être autonome financièrement et dans la prise de décision», a-t-il expliqué, soulignant que le cahier des charges des communes devrait prévoir, à l'avenir, le drainage des investissements et des programmes de développement local. M.Ouyahia a, par ailleurs, exhorté les élus locaux à travailler en coordination avec les représentants de l'administration. «Il ne faut pas monopoliser le pouvoir mais il faut une complémentarité entre les élus et l'administration locale», a-t-il soutenu. Il a suggéré aux élus locaux de demeurer en contact avec les citoyens qui les ont élus.