Les réponses apportées par le ministre des Finances, Karim Djoudi, à l'APN, ne semblent pas avoir convaincu les sénateurs. Après les députés, c'est au tour des sénateurs de prendre le relais. Ces derniers ont entamé hier le débat du projet de loi de finances 2008. Mêmes préoccupations, mêmes revendications. Celles relevées à l'APN reviennent toujours. Les sénateurs sont revenus largement sur la situation sociale et économique du pays. Chômage, pouvoir d'achat, faiblesse des investissements, manque de visibilité économique, absence de contrôle des budgets. Ce sont là une série de réclamations qui ont marqué le premier jour des débats. Quel que soit le courant politique, les sénateurs ont interpellé les membres du gouvernement sur plusieurs questions. Mais s'il y a bien une chose qui embarrasse les membres du Conseil de la nation, c'est bien le prix de la référence de 19 dollars. Les réponses apportées par le ministre des Finances, Karim Djoudi, à l'APN, ne semblent pas avoir convaincu les sénateurs. Ces derniers étaient nombreux à soulever la problématique en question interpellant le ministre de s'expliquer sur le sujet. «C'est aberrant de présenter une loi de finances sous un tarif de référence de 19 dollars», nous a confié un membre du tiers présidentiel croisé dans le hall du Sénat. «Il aurait pu s' en passer de cette loi que de l'élaborer sur la base de 19 dollars», a-t-il encore précisé d'un air agacé. Effectivement, les sénateurs n'arrivent pas à assimiler la démarche du gouvernement: «Nous n'avons rien compris», affirme un sénateur du RND. Le paradoxe, est de constater que les ressources existent mais la situation sociale se détériore davantage. Pour la plupart des intervenants, rien ne justifie le maintien du tarif de référence de 19 dollars. L'argument du ministre des finances n'est pas convaincant. Dans sa réponse à la commission économique, M.Djoudi a avancé le même argument que celui du fonds de régulation. La référence de 19 dollars vise, selon lui, à constituer une réserve de change auprès du fonds de régulation en cas de perturbation du marché mondial. Le ministre est encore appelé à trouver des arguments fiables pour convaincre les sénateurs. Ce n'est pas tout. Les sénateurs ont également revendiqué la présentation du bilan de la gestion des budgets. Ces derniers ne comprennent pas pourquoi le gouvernement refuse de le faire avant chaque loi de finances. «Nous avons demandé à plusieurs reprises les comptes, en vain», a déclaré un sénateur du MSP. «Nous ne voulons pas une politique des chiffres mais plutôt une politique des comptes», a-t-il clamé. Ce dernier déplore l'incapacité des chambres parlementaires à imposer leur mot au gouvernement. Les chiffres avancés par le département de la Solidarité, précise-t-il, sont loin de refléter la réalité. La problématique de la pomme de terre n'a pas été écartée du débat. Les sénateurs reprochent au gouvernement d'avoir mal géré cette crise. Malgré les mesures prises et l'exonération des taxes, le prix de la pomme de terre demeure élevé. Enfin, malgré les critiques sévères des sénateurs, le projet passera comme une lettre à la poste. Convaincus ou non les sénateurs finiront par lever la main pour valider la loi de finances. Effectivement, après son adoption par la majorité des députés, les sénateurs n'ont qu'à suivre le «tunnel».