Les terroristes protègent les barons de la drogue, et ces derniers les financent et les aident à recruter des jeunes dans la région. La région du Sahel est livrée aux criminels de tout bord, aux barons de la drogue et aux terroristes d'Al Qaîda. Le plus préoccupant, c'est que des liaisons dangereuses pour la région sont établies entre ces catégories. Abdelmalek Sayah, directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue, a expliqué, hier, lors d'un colloque au Sénat, les dessous de ces liaisons. Des quantités énormes de drogue passent par cette région avec la protection des groupes armés d'Al Qaîda dans les pays du Maghreb islamique (Aqmi). Selon M.Sayah, en 2009, plus de 240 tonnes de drogue ont atterri sur le continent africain (le Sahel est en bonne place) et seulement 20 tonnes ont été saisies. Mais comment en est-on arrivé là? Abdelmalek Sayah explique que les barons de la cocaïne, notamment, ont de gros enjeux dans cette région. Ces barons qui ont subi et subissent encore de grandes pressions de la part des USA en Amérique latine ont transféré leurs activités en Afrique de l'Ouest. «Les groupes colombiens, vénézuéliens, brésiliens ont fait de l'Afrique leur zone de prédilection», a-t-il expliqué. Ces groupes qui utilisent des moyens très sophistiqués pour le transport de leur marchandise (avion, bateau) ont établi des relations solides avec les groupes armés d'Al Qaîda dans la région. «Entre 250.000 et 300.000 jeunes, âgés entre 12 et 35 ans, consomment de la drogue, selon une enquête nationale sur la drogue dans le pays», a indiqué M.Sayeh, directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Onlcdt) lors d'une conférence sur le thème «Les effets économiques et sociaux de la drogue» organisée au Conseil de la Nation. Il a précisé que 5% des consommateurs sont de sexe féminin et 95% de sexe masculin, ajoutant que la consommation de drogue qui touchait essentiellement les villes, commence à s'élargir aux zones rurales et même dans les régions du sud du pays. La consommation de drogue « touche également les universités et les cités universitaires», a-t-il déploré, soulignant que l'Office prépare un projet d'enquête sur le phénomène en milieu universitaire et scolaire. M.Sayeh a indiqué que «la drogue est un des facteurs d'augmentation de la criminalité, de la violence dans les stades, des accidents de la route et des accidents du travail».