Cinq Algériens ont été arrêtés à Kidal l Les quatre membres du GSPC libérés le même jour ont été conduits à Gao et remis aux négociateurs attitrés du président, qui étaient en réunion avec Abou Zeid, l'un des chefs terroristes. Deux avions sud-américains ont déchargé de la cocaïne ces derniers jours. Des sources locales accusent des personnalités proches de la présidence malienne. Le nord du Mali est en train de basculer dans le chaos. Ces derniers jours ont connu des événements très graves, dans lesquels le régime a une grande part de responsabilité. Jeudi dernier, cinq Algériens ont été arrêtés à Kidal, alors que les quatre membres du GSPC libérés la même journée à l'issue d'un simulacre de procès, ont été remis à leurs acolytes par les négociateurs attitrés du Président malien, a-t-on appris de source locale. Celle-ci n'est pas sûre des motifs de l'arrestation. Certains affirment qu'ils sont soupçonnés d'espionnage, d'autres de complicité avec Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi). Ce qui est certain, c'est que ces cinq Algériens ont été transférés à Gao sous bonne escorte militaire. Ils ont été embarqués à destination de Bamako à bord du même avion qui a transporté, de Bamako à Gao, les quatre terroristes du GSPC. Ces derniers ont été remis aux négociateurs attitrés du Président malien pour être livrés à Abou Zeid, un chef terroriste avec lequel ils étaient en réunion au nord-est de Gao. Dans cette même région, trois Maliens ont été arrêtés vendredi dernier, soit 24 heures après, soupçonnés d'avoir enlevé le Français Pierre Camatte à Ménaka, il y a plus de deux mois, avant de le refiler à Abou Zeid. Selon nos sources, il s'agirait de trois jeunes proches de certains officiers supérieurs en poste à Gao. Leur arrestation a suscité de vives interrogations dans la mesure où les relations entre les mis en cause et des militaires haut gradés de Gao sont fortes et anciennes. Ce qui laisse croire que les pressions exercées par l'Elysée sur le Président malien ont fini par avoir des résultats. Connaissant parfaitement les auteurs et leurs réseaux de soutien, les services maliens n'ont pas eu de mal à aller en chercher quelques-uns. Il n'a jamais été question pour le régime de perturber les activités du GSPC sur son territoire. L'arrestation des quatre terroristes libérés jeudi dernier, a été, faut-il le rappeler, accidentelle. L'on se rappelle qu'à cette époque, des élections se tenaient au nord et après une embuscade qui avait ciblé une unité de surveillance d'un bureau de vote (plus de 20 morts), une patrouille militaire est tombée sur les quatre terroristes qui ont préféré se rendre que d'opposer une quelconque résistance. Des sources locales, contactées à Gao et à Tombouctou, sont formelles : les terroristes ont été arrêtés par erreur à Tessalit et sont devenus depuis très encombrants pour Bamako, qui a refusé d'extrader deux d'entre eux, des Algériens impliqués dans de nombreux attentats. Nos interlocuteurs n'écartent pas la thèse selon laquelle la demande de libération a été suggérée par les négociateurs attitrés du Président malien, ceux-là mêmes cités comme étant des barons de la drogue et des alliés du GSPC. En effet, selon toujours nos sources, après le scandale du Boeing qui a atterri à Gao pour décharger plus de 10 tonnes de cocaïne avant d'être incendié par son équipage, deux autres avions transportant de la drogue se sont posés ces derniers jours dans la région. Le premier, un Bach 300 piloté par 4 Sud-Américains, a atterri le 6 février dernier dans le cercle de Kita (zone forestière, dans la région de Kayes, à 360 km à l'ouest de la ville de Tombouctou) avec à son bord 4 tonnes de cocaïne. Il aurait été réceptionné, selon nos interlocuteurs, « par de nombreuses personnes connues pour être proches de la Présidence, tous de la communauté arabe de Gao. Parmi elles Baba Ould Cheikh, Cherif Ould Tahar, Hanouni Ould Labiadh, Ould Lagwinate. L'avion, sous pavillon sud-américain, a décollé le lendemain dans l'après-midi. C'est une patrouille de l'armée malienne, composée de trois véhicules de la caserne de Nampala, région de Ségou, qui a procédé au balisage du terrain avant l'atterrissage de l'avion ». Un autre avion identique, ont indiqué nos sources, s'est posé le 9 février dernier à Aïn In Esséri, à 300 km au sud-est de Tinzaouaten, dans une zone frontalière avec le Niger. « Il a été accueilli par le même groupe de Tarkinte, de Gao, en coordination avec des Arabes venus du Niger. Il s'agit en réalité des mêmes personnalités proches du pouvoir central et qui avaient constitué des milices pour combattre la rébellion touareg avant de s'associer plus tard aux groupes terroristes d'Aqmi, avec des véhicules et des armes mis à leur disposition par le pouvoir », expliquent nos interlocuteurs. Ce qui explique, probablement, le fait que Bamako refuse à ce jour de mettre à exécution les clauses des Accords d'Alger, signés en juillet 2006, pour faire revenir la paix et la sécurité au nord du pays. Depuis plus d'un an, les Touareg multiplient les appels et les contacts avec la communauté internationale pour faire revenir le régime à ses engagements écrits. Ils peinent à faire revenir la paix dans leur région, livrée aux terroristes et trafiquants de drogue depuis qu'ils ont été sommés de déposer les armes, il y a trois ans. En tout état de cause, les derniers événements prouvent que la situation est extrêmement grave. Le parrainage de cette alliance narco-trafiquants-terroristes par des personnalités proches du pouvoir central compromet dangereusement la stabilité de la région, déjà fortement ébranlée par les prises d'otage et le mouvement intensif des barons de la cocaïne. Il est à craindre que dans un avenir très proche, en raison de la passivité du Mali, des puissances extrarégionales feront le ménage à sa place. Ce qui expose toute la sous-région au sort de l'Afghanistan, de l'Irak ou, au mieux, de la Somalie.