«De quoi se mêle cette Union qui, en principe, doit défendre les intérêts des commerçants au lieu de les enfoncer davantage?» «Ce qui a été avancé par l'Ugcaa est faux, les mandataires seront transférés vers le nouveau marché d'El Karma tandis que la question des impôts est du ressort des services fiscaux auxquels nous demanderons des allégements», a indiqué M.Othmani Mohamed, membre très influent de l'Association des mandataires de la wilaya d'Oran. Voila une déclaration qui résume toute la guerre en sourdine, déclenchée ces derniers jours par les commerçants de gros en fruits et légumes, affiliés à l'association des mandataires d'Oran, et l'Union générale des commerçants et artisans algériens, l'Ugcaa. La plaie est béante tandis que le fossé qui sépare les deux parties s'est élargie à la faveur de l'approche de l'ouverture du marché. La cause est la sortie opérée récemment par les responsables du bureau de l'Ugcaa d'Oran qui ont annoncé que le transfert des mandataires aura effectivement lieu à condition que ces deniers règlent leurs redevances fiscales. Les fournisseurs en fruits et légumes d'El Bahia, ont clôturé l'exercice de la fin d'année écoulée par une critique acerbe et visant directement l'organisation dont ils qualifient les responsables d'«intrus». Réunis en fin de semaine dernière sous les auspices d'un huissier de justice, plus de 140 grossistes présents ont démontré leur mobilisation à défendre leurs intérêts tout en s'en prenant violemment à l'Ugcaa. «Nous ignorons cette Ugcaa, nous n'avons pas de tuteur», a lancé, pour sa part, M.Othmani. «De quoi se mêle-t-elle cette Union qui, en principe, doit défendre les intérêts des commerçants au lieu de nous enfoncer davantage?» se sont soulevés, irrités, plusieurs autres contestataires. Les mandataires sont plus que décidés à faire valoir leurs revendications dont principalement l'effacement des redevances fiscales en se basant sur la loi de prescription argumentant que «les mandataires sont déficitaires vu l'offensive perpétrée par des indus commerçants et la prolifération du commerce informel». Selon M.Othmani, «les dettes remontant à plus de 10 ans, doivent être épongées». «Cette exonération est possible étant donné que la même faveur a été accordée aux mandataires du marché de Rovigo, dans l'Algérois», ont expliqué plusieurs intervenants. La corporation des mandataires compte dans ses effectifs près de 200 commerçants. La majeure partie de ces derniers a hérité cette activité de père en fils. Les dernières mutations que connait le marché des fruits et légumes à attisé les appétits de toutes parts. Des commerçants de circonstance, faussant tous les calculs, sont nés exerçant selon leurs humeurs tandis que d'autres ont carrément investi dans l'informel. Les vrais commerçants, eux, sont exposés à un avenir incertain et à l'étau infernal des services fiscaux. «Vient s'ajouter l'implication «indésirable» de l'Ugcaa elle qui fait un travail de sape le but étant, contre toute attente, de monopoliser toutes les organisations commerciales d'Oran», dénonce-t-on. Aussi, l'association des mandataires a estimé juste de remettre les pendules à l'heure et ce, en coupant net l'herbe sous les pieds de l'Union locale des commerçants et artisans algériens. «Nous sommes des hommes du métier, nous travaillerons en parfaite harmonie avec la direction du commerce, notre seul interlocuteur», a martelé M.Othmani avant de jurer que «l'Ugcaa ne mettra jamais les pieds dans le nouveau marché de gros d'El Karma». Présent à la rencontre, le représentant de la DCP a été plus qu'explicite en déclarant que la mission de la direction du commerce est d'enrayer le commerce informel.