Les internautes sont confrontés depuis quelques jours à des difficultés d'accès à Facebook. L'accès à Facebook en Algérie est de plus en plus difficile et lent et cela depuis trois jours. C'est surtout les après-midi. Le phénomène coïncide avec la publication par L'Expression et certains autres organes de la presse nationale d'articles mettant en exergue l'importance de Facebook dans l'échange d'infos concernant les émeutes. En effet, les sites communautaires et les sites de partage de vidéos se substituent, notamment auprès des jeunes, aux modes d'information classiques. Mais est-ce vraiment une coïncidence ou de la censure? Cependant, est-il possible de censurer Internet en Algérie? Oui, il n'y a rien de plus simple, comme nous l'explique un ingénieur en informatique. De leur côté les responsables d'Algérie Télécom que nous avons contactés ont démenti toute censure. Ils ajoutent qu'ils «n'ont reçu aucune note leur demandant de filtrer quoi que ce soit». Ces mêmes responsables affirment que ces soucis qui sont «d'ordre technique», les dépassent. Ils se pourrait que «le problème vienne des serveurs du site hébergés à l'extérieur de notre réseau». Une fois cette précision faite, l'ingénieur que nous avons contacté explique que «pour bloquer l'accès total à un site, il suffirait juste au provider de le mettre sur liste noire. C'est comme sur l'explorer avec l'accès parental», nous explique-t-il. Par contre, la donne est tout autre pour la censure partielle, ou le filtrage d'informations. «Il y a plusieurs méthodes qui ont toutes, deux caractéristiques fondamentales: leur coût et leur efficacité. Plus c'est cher, plus c'est efficace. Heureusement, aucun n'est efficace à 100%», affirme l'ingénieur. La combine la plus simple est de pirater les «serveurs DNS». «C'est une technique relativement simple qui consiste à effacer de l'annuaire utilisé par ses abonnés l'adresse d'un site, ou plus exactement, de lui donner de fausses informations». Par exemple «ça n'existe pas» ou bien «ça pointe sur mon serveur» qui explique que c'est interdit d'aller sur ce site, assure-t-il. Le «blackhole» est un peu plus efficace que le DNS, mais beaucoup plus coûteux. «Il s'agit donc de filtrer l'ensemble des paquets passant sur son réseau et allant vers une cible indésirable. Cette cible pouvant être, au plus petit, une adresse IP isolée, et au pire, un ou plusieurs préfixes entiers», ajoute-t-il. La troisième, la plus utilisée, est «l'analyse poussée du trafic». Cette astuce représente «le quasi ultime échelon de la bataille pour le contrôle de l'information. L'analyse de trafic (ou DPI, Deep Packet Inspection) consiste à automatiser l'analyse de tout ce que transmet un ordinateur, un peu comme on analyse aujourd'hui tous les Emails pour détecter les spams. Cette technique est la plus difficile à contourner. Elle censure et analyse tout ce qui peut aujourd'hui être sorti d'un disque dur saisi par un spécialiste de l'informatique», dit-il. Le dernier procédé est «le filtrage par liste blanche». Il est l'inverse du filtrage par liste noire. «Il faut éditer une liste des adresses IP autorisées à diffuser du contenu et de rayer toutes les autres de la carte par blackhole». Mais ces systèmes ne sont pas efficaces à 100%, car le «Net reste tenu par de bons vieux Geeks (un geek est quelqu'un qui passe son temps à être «sociable» sur un ordinateur) qui s'empresseront de proposer un tas de contenus et de services de rebond plus ou moins cachés sur lesdits IP, le contrôle de tout ceci restant finalement dans leurs mains», conclut-il. En tout cas, une chose est sûre, si la Toile algérienne a connu sa première censure ce serait grave pour la liberté d'expression du pays. Surtout que les jeunes n'ont que le Net comme moyen d'expression, de loisir, de détente et de débat libre. Dans un autre registre, le site d'information en temps réel «Toutsurl'algérie» (TSA), a interrogé lundi 10 janvier, un porte-parole de Facebook. Ce dernier indique que le site mène actuellement une enquête pour connaître la réalité de ces blocages signalés en Algérie. «Nous avons eu connaissance de ces affirmations (de censure) et nous enquêtons», a indiqué Stefano Hesse, directeur de la communication Emea (Europe, Moyen-Orient et Afrique) de Facebook, qui compte actuellement 1,2 million d'utilisateurs en Algérie selon une enquête publiée en octobre dernier par deux entreprises algériennes spécialisées dans le conseil en webmarketing (Med&Com) et les solutions logicielles (Ideatic).