Les citoyens se rendent à l'évidence et s'impliquent dans la restauration de l'environnement par des actions de volontariat. Aucune personne n'est en situation de détention suite aux événements ayant émaillé la wilaya de Béjaïa, a confirmé jeudi dernier le chef de sûreté de wilaya. M.Hadj Krazdi avant-hier sur les ondes de la radio Soummam. Tous les émeutiers qui ont été interpellés à partir des photos et vidéos des instituions détruites ou lors des troubles, ont été auditionnés puis relâchés. Voilà qui répond à la demande des personnalités locales dont les élus, représentants du mouvement associatif et les étudiants, quant à leur demande liée à la libération des détenus et la levée des poursuites judiciaires en signe d'apaisement lors de la réunion présidée par le wali, la semaine dernière. Beaucoup d'intervenants avaient, en effet, plaidé pour l'apaisement à travers des mesures d'élargissement. La police a fait son travail au sujet des manifestants à l'origine des saccages, incendies et pillages des édifices publics. Leurs traduction devant les tribunaux était sous-entendue par les responsables, mais elle ne se fera certainement pas tout de suite pour des raisons matérielles et conjoncturelles. Il y a d'abord le déficit en structures juridiques. Quatre sur les cinq tribunaux que compte la wilaya ont été saccagés. Ce qui rend la situation encore plus compliquée pour entreprendre le jugement des casseurs, puis s'agissant d'une initiative qui peut être assimilée à une provocation, les pouvoirs publics vont certainement temporiser quelques mois avant d'engager les poursuites qui, selon une source juridique, «sont obligatoires dans un Etat qui se respecte, sauf à verser dans l'impunité». Avant-hier, la gendarmerie de Sétif a arrêté trois jeunes originaires de Kherrata, alors qu'ils tentaient d'écouler du matériel volé dans les établissements publics de la wilaya. Hier, Béjaïa tentait d'effacer les stigmates de la révolte du sucre et de l'huile. Les édifices publics incendiés et saccagés pansent leurs plaies. Pendant que les directions entreprennent des évaluations et des réparations à l'image de Sonelgaz qui a lancé la réhabilitation des agences d'Aokas et Sidi Aïch, les citoyens se rendent de plus en plus à l'évidence et s'impliquent dans la restauration de l'environnement par des actions de volontariat un peu partout. Aujourd'hui, on se rend compte de l'ampleur des dégâts. Même si le bilan définitif n'est pas encore établi, l'inquiétude gagne le simple citoyen. A Akbou, un groupe de représentants du mouvement associatif et des citoyens ont tenu une réunion avant-hier sanctionnée par un appel aux pouvoirs publics afin de prendre des mesures urgentes pour la reconstruction de ce qui a été détruit lors des dernières manifestations de violences enregistrées dans la ville. Une première rencontre a eu lieu lundi dernier au sujet des difficultés sociales et économiques éprouvées par le plus grand nombre de citoyennes et citoyens. Difficultés considérées comme «source de détresse et mère de toutes les violences». Le groupe avait aussi appelé à cesser la casse. Le mouvement des arch de Béjaïa avait appelé, dans une déclaration reprise par Radio Soummam, à faire front commun pour la prise en charge des problèmes sociaux des populations et réclamé une académie berbère. A Kherrata, une commission du CTC expertise les établissements incendiés. Le maire qui avait menacé de démissionner au lendemain des événements, s'est rétractée. Que du retard accumulé! commente-t-on. «Les conséquences ne font que commencer», analyse Salim qui pense déjà aux citoyens dont les sièges communaux ont été saccagés et les tribunaux détruits. Rien que pour ces deux institutions, les conséquences seront incommensurables.