Au fin fond du désert, à plus de 1 200 km d'Alger, se trouve le bassin de Berkine (distant de 300 km de Hassi Messaoud). Non loin de lui (soit à 40 km), il y a Ourhoud, l'un des plus grands et importants gisements miniers jamais découverts dans le monde durant la dernière décennie. C'est lors d'un voyage de presse de deux jours (le premier du genre) organisé, le week-end dernier, par le club de Sonatrach, que des journalistes algériens ont pu accéder, pour la première fois, à cette zone qui a de tout temps été «interdite». L'occasion leur sera donnée donc de découvrir, de voir et de rapporter ce que beaucoup ignorent sur ces importants projets pétroliers, et surtout sur le vécu de ces hommes du Sud coupés de tout et de tous, y compris de leurs familles, pour faire un travail que beaucoup sont incapables d'accomplir à bien des égards... Arrivés mercredi vers 11 heures à l'aéroport de Hassi Messaoud, il nous faudra une bonne heure à bord du Tween pour atteindre notre première destination à savoir Hassi Berkine. Là, nous trouverons un bus de Sonatrach qui nous transportera vers la base de vie où nous devions séjourner durant notre premier jour de visite. Immédiatement après le déjeuner et sans trop tarder, nous nous installons, dans un premier temps, dans une salle de conférence pour recevoir des explications détaillées sur le grand projet de Hassi Berkine. M.Bekkouche, administrateur du projet désigné par Sonatrach, et le partenaire américain, Anadarko, se chargera de cette tâche. C'est vers les années 80 que ce gisement fut découvert par les Américains, eux qui ont eu plus de «flair» et de chance que les Français. En effet, la firme Total (France) qui avait fait des prospections dans la région quelques années plus tôt (1982), avait échoué dans sa quête et, par conséquent, a abandonné le champ à Sonatrach. Celle-ci découvrira le premier puits de pétrole qui restera inexploité jusqu'à ce jour. A cause du manque de moyens financiers, et surtout de la technologie, Sonatrach se trouve obligée de recourir au partenariat étranger. Après la découverte d'autres indices, le choix tombera sur les Américains qui, de par leur expérience et leur technologie de pointe, seront les partenaires idéaux. Le premier contrat de partage de production entre Sonatrach-Anadarko, Algeria Corporation, sera signé en octobre 1989. Il concerne le forage de 10 puits dans le bassin de Berkine. Ce contrat prévoit qu'Anadarko supporte 100% des dépenses relatives à la phase d'exploration. En cas de découverte d'un gisement commercialement exploitable, Sonatrach remboursera à Anadarko 51% des dépenses durant cette phase. Le début des exploitations des puits ne se fera que le 4 mai 1998. Actuellement, la production pétrolière est de l'ordre de 250.000 barils par jour à partir de 52 puits (cela représente pratiquement le tiers de la production nationale qui est de 675.000 barils/jour). La production du brut étant de 136 millions de barils par jour, dont 92 millions de barils d'eau et 134 milliards pieds cubes de gaz. L'eau et le gaz sont destinés à l'injection pour faire remonter le pétrole. Estimée à 5 milliards de barils/jour, la moyenne de récupération du total des réserves est actuellement de 45% seulement. La production devrait donc doubler dans les 25 années à venir (la moyenne de vie d'un puits de pétrole). Ayant enregistré toutes ces données, les responsables du projet nous feront visiter toutes les infrastructures et installations de Hassi Berkine (l'usine de production, la salle de contrôle, les puits de forage...), non sans fournir de minutieuses explications techniques à faire tourner la tête. Le lendemain, avant de se diriger à la centrale électrique, nos «guides» nous conduiront au Rig 283 où nous trouverons une autre société américaine, la Nabors Drilling. Elle a démarré ses activités depuis 413 jours seulement. Avant d'entamer la visite du puits de forage, on insistera longuement sur la nécessité de se conformer aux consignes de sécurité pour éviter un éventuel accident. Toujours à la recherche de l'or noir, Sonatrach et sa partenaire sont déjà à 3500 mètres, mais ne sont toujours pas arrivées à leurs objectifs. Elles ne sont qu'au niveau du premier bassin d'eau, mais elles ne devront pas tarder à atteindre la précieuse huile.