A l'APC d'Alger-Centre, les élus se comportent comme de véritables tyrans. Ils n'ont de respect ni pour le citoyen ni pour la presse. «Je n'ai pas à recevoir d'instructions ni à appliquer les mesures de qui que ce soit. Je m'appelle Balaouane, vous pouvez l'écrire. Je suis un élu. Même le Président de la République Abdelaziz Bouteflika ne pourra pas me dicter ce que je dois faire». C'est en ces termes que cet élu de l'APC d'Alger-Centre nous a accueillis. Arguant que nous n'avions pas montré patte blanche et qu'il fallait se présenter avec un ordre de mission précisant l'objet de la visite, il nous a ordonné de quitter «sa mairie», en ajoutant que nous étions «indésirables». Informé probablement de notre visite, un agent de ladite APC avait déjà tenté de nous agresser quelques instants auparavant en nous empêchant de pénétrer à l'intérieur d'un des services de l'état civil. Si nous nous sommes déplacés auprès de l'APC, c'est pour savoir si les instructions émanant du ministère de l'Intérieur ordonnant aux wilayas, daïras et APC d'ouvrir quotidiennement leurs portes aux citoyens pour recueillir leurs doléances sont suivies sur le terrain. La plupart des citoyens que nous avons rencontrés ont une dent contre les élus qu'ils accusent de faire du favoritisme et de la politique au lieu de s'occuper des affaires de la commune et trouver des solutions urgentes et rationnelles aux problèmes en suspens. Préoccupés beaucoup plus par ce qui se passe à l'intérieur de leur parti et les luttes de leadership, les élus se sont détachés des citoyens qu'ils ignorent, voire méprisent, oubliant que c'est grâce à ces derniers qu'ils sont parvenus aux commandes des APC. «Où sont-ils passés tous ces élus qui nous ont promis monts et merveilles avant les élections?», s'insurge ce jeune étudiant qui poursuit: «Nous vivons à l'étroit. Mon père a déposé plusieurs demandes de logement. A l'APC, on lui a répondu que le dossier a été transmis à la daïra pour suite à donner, mais nous n'avons reçu aucune réponse officielle à ce jour.» Le logement, tout le monde en parle. Depuis 2005, ce sont les daïras, sur décision du gouvernement, qui ont pris le relais en se chargeant elles-mêmes de sa distribution qui jusque-là était assurée par les APC. Mais pour les citoyens dont la demande n'a pas été satisfaite, ce sont les 1200 logements sociaux octroyés en 2002 qui ont fait couler beaucoup d'encre et de salive. A la fois révoltés et déçus, ils dénoncent l'opacité ayant entouré leur affectation. «Les logements ont été attribués dans l'opacité la plus totale. On parle de critères et de priorités. Pourquoi alors certains bénéficiaires ne les ont pas encore occupés?», s'interroge un autre citoyen dépité. Les logements de la discorde, c'est comme ça que les appelle ce père de famille. «Sur les 1200 logements qui ont été affectés à la commune d'Alger-Centre, près du quart ne sont pas occupés parce que l'APC n'a pas fait le bon choix.» Certains bénéficiaires auraient triché. A quoi auront servi alors toutes ces enquêtes sociales et ces solides dossiers? «Les enquêtes ont souvent été faites au pied levé, car l'APC n'a pas effectué de véritables investigations en se déplaçant, par exemple, la nuit afin de s'assurer si le demandeur a dit vrai ou a menti», nous dit ce sexagénaire qui venait de retirer un extrait d'acte de naissance de son fils. Que dire de ceux qui auraient revendu leurs logements et qui seraient très nombreux, comme nous le révèlera ce bénéficiaire qui réside à Saoula «Je connais dans mon entourage des gens qui ont essayé d'acheter un logement. Lorsqu'ils ont appris que les vendeurs venaient de les acquérir de l'APC d'Alger-centre et qu'ils étaient incessibles, ils se sont rétractés.» Il existe pourtant une clause qui stipule que le logement social acquis dans le cadre du programme d'aide aux familles sans toit, ne peut être ni cédé ni vendu. Une déclaration sur l'honneur est signée par le bénéficiaire avant d'être transmise au service concerné de l'APC. Selon un citoyen, l'APC d'Alger-Centre s'apprête à ester en justice les tricheurs et les contrevenants.