Dans son discours sur l'état de l'Union, Obama a occulté la question du processus de paix. Les Palestiniens, et nombre d'alliés des Etats-Unis, se demandent quelle est la stratégie américaine au Proche-Orient. En pressant le Conseil de sécurité de l'ONU d'adopter une résolution visant à stopper «le cancer» que constitue selon eux la colonisation israélienne, les Palestiniens cherchent à faire pression sur les Etats-Unis, estiment diplomates et experts. Le processus de paix israélo-palestinien n'a pas été mentionné par le président Barack Obama dans son discours sur l'état de l'Union cette semaine. Les Palestiniens, et nombre d'alliés des Etats-Unis, se demandent quelle est la stratégie américaine au Proche-Orient. La colonisation, «c'est un cancer qui ronge la Cisjordanie. Si nous n'opérons pas pour enlever la tumeur et l'empêcher de grossir, alors nous n'aurons aucune chance de survie», explique Riyad Mansour, représentant palestinien à l'ONU. Selon lui, le vote de la résolution pourrait aider à débloquer le processus de paix «Il serait utile pour tout le monde, puisque les Etats-Unis dirigent ce processus (de paix) et sont une force dominante dans le Quartette (ONU, Union européenne, Etats-Unis, Russie), qu'ils montrent leur leadership en mettant leurs cartes sur la table, pour dire ce qu'ils veulent accomplir au cours des neufs prochains mois, entre maintenant et septembre», souligne M.Mansour. Avec ce projet de résolution, déposé au Conseil de sécurité le 18 janvier, les Palestiniens veulent exprimer qu'ils se sentent «abandonnés» et ont besoin de nouvelles assurances des Etats-Unis, souligne un diplomate de haut rang à l'ONU. Un vote sur le projet n'est pas attendu avant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, selon plusieurs diplomates. Les Etats-Unis mettront certainement leur veto à une telle résolution, affirme l'un d'eux. Washington a traditionnellement usé de son droit de veto contre les résolutions critiquant Israël, y compris les appels précédents à la fin de la colonisation. Mais le but recherché par les Palestiniens est de faire pression sur Washington, avant la réunion du Quartette qui doit se tenir à Munich le 5 février, selon plusieurs sources diplomatiques occidentales. Le Quartette a retenu septembre comme date butoir pour un accord sur la création d'un Etat palestinien. Le projet de résolution «en dit probablement plus sur l'absence de stratégie américaine qu'elle ne le fait sur les raisons de l'initiative palestinienne», estime Khaled El Gindy, expert à l'Institut Brookings, un centre de réflexion de Washington, et ancien conseiller de la direction palestinienne. «Les Américains ont tenté et n'ont pas réussi à obtenir même l'arrêt le plus limité de la colonisation. Les Palestiniens disent donc que les Américains ne remplissent pas leur partie du jeu», explique-t-il. «Les Palestiniens dépendent des Etats-Unis pour traiter avec Israël et s'ils ne peuvent pas le faire sur quelque chose d'aussi modeste que la colonisation, comment pourraient-ils le faire pour les grandes questions: le statut permanent, les frontières et l'avenir de Jérusalem?», demande-t-il. Selon le représentant palestinien à l'ONU, la résolution a reçu le parrainage de 122 pays. «Nous pensons que ce chiffre va augmenter», a-t-il assuré. Les Israéliens affirment que les Palestiniens n'ont pas mis à profit les dix mois pendant lesquels Israël a gelé la colonisation pour faire avancer les négociations. Des négociations directes entre Palestiniens et Israéliens ont duré trois semaines jusqu'à la fin du gel de la colonisation le 28 septembre, les Palestiniens réclamant un renouvellement du moratoire avant de les reprendre.