Près de 99% des Sud-Soudanais ont voté en faveur de la sécession lors du référendum pour l'indépendance qui s'est tenu du 9 au 15 janvier, selon les premiers résultats préliminaires complets publiés hier par la commission électorale du Sud-Soudan. Selon des chiffres publiés sur le site Internet de la commission et reposant sur le dépouillement de 100% des 3.851.994 bulletins déposés au Sud, au Nord et à l'étranger, 98,83% des votes sont en faveur de la sécession. Le calendrier électoral prévoit cependant un délai pour d'éventuels appels, et les résultats définitifs sont attendus entre le 7 et le 14 février. Lors d'une cérémonie officielle hier à Juba, la capitale du Sud-Soudan, les responsables de la commission électorale ont précisé les résultats selon les régions: la sécession a recueilli 99,57% des suffrages dans le Sud, 99% à l'étranger et 58% dans le Nord. Le président de la commission électorale chargée des bureaux du Sud, Chan Reec, a précisé sous les acclamations de la foule que la participation avait été de 99% sur ce territoire, et que seuls 16.129 personnes avaient voté pour le maintien de l'unité du Soudan. Une cérémonie, organisée au mausolée du chef historique de la rébellion sudiste, John Garang, a rassemblé des centaines de responsables et de diplomates venus célébrer ces premiers résultats qui ne laissent aucun doute sur l'issue du scrutin. «Je vous avais assuré que vous les Sudistes alliez voter à plus de 90% (pour l'indépendance), et vous m'avez donné raison», s'est réjoui Salva Kiir, président de la région semi-autonome du Sud-Soudan. L'ancien rebelle a tenu à avoir une pensée pour les victimes de la guerre civile: «Je veux qu'eux et leurs familles sachent qu'ils ne sont pas morts en vain.» Il s'exprimait devant la tombe de John Garang, décédé en juillet 2005 dans le crash de son hélicoptère, quelques mois après la signature de l'accord de paix ayant mis fin à 22 ans de guerre civile entre le Nord, principalement musulman, et le Sud, principalement chrétien. A l'image du scrutin, qui avait vu des foules faire la queue en dansant et en priant des heures avant l'ouverture des bureaux de vote, la cérémonie d'hier s'est achevée dans un déferlement de danses et de chants célébrant «la terre promise». «Nous leur avons montré au Nord que nous voulions être libres. Nous sommes tout près de l'indépendance, alors aujourd'hui nous dansons pour notre avenir meilleur», a expliqué James Madut, un étudiant venu célébrer les résultats. Au Nord, le président soudanais Omar El Bechir s'est déjà engagé à plusieurs reprises à reconnaître la sécession du Sud-Soudan, promettant même des relations «fraternelles» avec le nouveau pays, le 193e au monde. Salva Kiir a cependant invité les Sudistes à se montrer encore un peu patients. Le calendrier fixé en 2005 prévoit encore des mois de négociations avant la sécession effective le 9 juillet. «Que pensiez-vous que j'allais faire ici? Déclarer l'indépendance du Sud-Soudan? Nous ne pouvons pas faire cela. Respectons l'accord. Nous allons doucement, afin d'arriver sûrement à notre destination», a-t-il expliqué.