Encore 776 maisons à restaurer et plus de 9000 m² de parcelles vides à bâtir. L'oeuvre est incomplète. La Casbah d'Alger, un monument en restauration depuis l'Indépendance, a coûté une somme faramineuse de...2400 milliards de dinars, soit près de 49 milliards par an. Ce qui dépasse de quatre fois le budget 2011 d'un pays comme la République démocratique du Congo (RDC). Ce chiffre confirmé, hier, sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III par Abdelouahab Zekkagh, directeur général de l'Office national de gestion et d'exploitation de biens culturels protégés, donne froid dans le dos. Comme il ouvre des interrogations auxquelles l'invité de la radio n'a pas trouvé de réponses. La sauvegarde de la Casbah a-t-elle réellement coûté autant? «Les interventions étaient irréfléchies. Les matériaux utilisés inadéquats», s'est contenté de répondre M.Zekkagh. N'y avait-il pas des sommes détournées? Il ne veut pas entendre parler de corruption. S'agissant du plan permanent de sauvegarde de la Casbah d'Alger, l'architecte a souligné qu'il se veut un instrument juridique, élaboré par une équipe de 25 experts algériens de différentes spécialités. Il s'agit d'une étude approfondie à laquelle se sont attelés des sociologues, des économistes, des architectes, des urbanistes, des historiens...et des archéologues. Ces spécialistes ont établi un diagnostic du patrimoine et ont pu détecter son mal. A partir de ce constat, ils agiront de sorte à ce qu'ils puissent sauvegarder les quelque 400 maisons qui menacent ruine, pourtant toujours occupées par plus de 50.000 habitants. Ce plan de sauvegarde, explique l'ex-premier responsable de la commune de Ben Aknoun, doit être voté par l'Assemblée populaire de wilaya. Ensuite, le chef du gouvernement et son staff décideront, dans un conseil interministériel, du budget qui lui sera consacré. La situation relève de l'urgence. M.Zekkagh en est conscient «Cela fait plus de 30 ans qu'on perd cette Casbah», regrette-t-il. Pour accélérer les travaux, des opérations seront entreprises afin de gérer les canalisations d'eau, combler les parcelles vides, lutter contre les constructions illicites et interdire l'utilisation du béton et de l'aluminium. A se fier à l'invité de la radio, plus de 394 maisons ont, jusque-là, subi une action de renforcement et de confortement en attendant leur restauration définitive. Des habitations seront également édifiées afin de renforcer celles qui risquent de s'effondrer. La finalisation des travaux de la Casbah d'Alger n'est pas pour demain, et ne s'annonce pas dans un avenir proche. Encore 776 maisons à restaurer, plus de 9000 m² de parcelles vides à bâtir. Devant ces travaux inachevés, l'Etat est appelé à casser sa tirelire en déboursant 56 milliards de dinars. Allant plus loin dans son intervention, le DG de l'Ongebcp a précisé que la sauvegarde de la Casbah doit impliquer tout un chacun, notamment les propriétaires privés qui représentent 80% de la population. Ces derniers devront accepter l'acte de restauration. Les pouvoirs publics devant sauver ces centaines de maisons, sont prêts à aider les propriétaires afin de procéder à la réhabilitation de leurs demeures. «Ils doivent accepter, sinon l'Etat passera à l'expropriation pour utilité publique». Par ailleurs, interpellé sur l'absence de grands espaces qui réunissent l'ensemble des familles, M.Zekkagh a rassuré qu'une salle de spectacle immense sera bâtie à Ouled Fayet.