Désormais, le Raïs fait face à trois adversaires de taille: Google, la rue et les mosquées. La connexion Google-Twitter déjoue le huis clos de Moubarak sur la Toile. La formule est simple. Google a lancé, lundi, un nouveau service qui permet aux Egyptiens d'envoyer des messages via le réseau social Twitter. Mieux, ils peuvent le faire sans recourir à Internet. «Cela marche déjà et tout le monde peut «twitter» en laissant simplement un message téléphonique à l'un des numéros internationaux suivants: +1650 419 4196 ou +39 06 62 20 72 94 ou +97 316 199 855. Le service mettra instantanément le message (sur Twitter) en utilisant le mot-clé #egypt», ont annoncé des responsables de Google, repris sur le site Le Monde.fr La citadelle numérique érigée par le Raïs et les Moukhabarat égyptiens vole, ainsi, en éclats. La censure ne peut rien contre la technologie. Surtout quand cette dernière est au diapason des aspiration profondes d'un peuple avide de liberté. Et le clan Moubarak l'a vérifié à ses dépens. Ses méthodes semblent être en déphasage avec les techniques de la communication qui ne cessent d'avancer. «Aucune connexion Internet n'est nécessaire. Les gens peuvent écouter les messages en faisant les mêmes numéros de téléphone ou en allant (sur le site internet) twitter.com/speak2tweet», ont expliqué les mêmes spécialistes. En un mot, Google a crevé la toile du silence tissée par le dernier des pharaons et ses fidèles. Mais le clan Moubarak n'a pas dit son dernier mot. Hier, il a coupé toute communication téléphonique sur la place Tahrir au Caire. Il voulait passer sous silence les revendications des milliers de manifestants qui scandaient «Moubarak dégage!». Seulement, il n'a pu faire taire la rue. Pourtant, il a usé de tous les moyens pour imposer l'omerta sur la contestation populaire. Lundi, le dernier fournisseur d'accès à Internet qui fonctionnait encore en Egypte, celui du groupe Noor, a été bloqué, selon le site américain Renesys, spécialisé dans la surveillance du Web. «Durant le week-end nous avons eu l'idée d'un service permettant de parler pour tweeter: la possibilité de «tweeter» avec une connexion téléphonique vocale», Ujjwal Singh, le cofondateur de la société SayNow, qui vient de se faire racheter par Google, et AbdelKarim Mardini, directeur produits pour le Moyen-Orient et l'Afrique. Ces derniers ont affirmé qu'ils cherchaient la formule pour «aider les gens sur le terrain». Désormais, Moubarak fait face à trois adversaires de taille: Google, la rue et...les mosquées. Ces trois leviers sont en phase de renverser son régime. Le Raïs voit son pouvoir s'effondrer comme un château de cartes. Vendredi dernier a été celui de la colère. Les manifestations ont gagné plusieurs villes d'Egypte juste après la prière. Les autorités égyptiennes ont multiplié les procédés pour couper les communications et isoler la révolte populaire. Cela dit, il n'a fait qu'attiser les feux de la colère. Cette colère a toutes les chances de précipiter le départ de Moubarak. Surtout que Google s'est connecté aux revendications du peuple égyptien.