La dictature de 30 ans a pris fin en quelques secondes. Le «roi» Hosni Moubarak est nu... Tous les subterfuges utilisés dans son ultime discours ne lui ont été d'aucune utilité pour obtenir un sursis et pérenniser son règne. Cette chute qui suit celle de Ben Ali en Tunisie, est «une victoire du peuple égyptien pacifique», titre le quotidien français La Croix dans l'un des articles consacrés à l'Egypte. L'autocratie dont a fait preuve le désormais ex-président égyptien pendant son règne qui a duré près de 30 ans, «lui a valu la révolte de son peuple». Même son de cloche dans Libération. «Et de deux! En moins de cent jours, à Tunis et au Caire, deux régimes qu'on pensait inexpugnables sont passés à la trappe de l'Histoire», s'est réjoui l'éditorialiste Laurent Joffrin. «Oum al-Dounia»: la mère du monde. C'est ce que l'Egypte est redevenue ce vendredi soir. Une nouvelle Egypte, plurielle, pacifique et décidée. «Une nouvelle tête est tombée. Après Ben Ali, vendredi 14 janvier, c'est au tour de Moubarak de fuir sous la pression populaire, un autre vendredi. Un peu comme si les dictateurs s'étaient échangés la bonne feuille de route: discours à la télé le jeudi et paquetage le lendemain», ironise Yann Marec dans Le Midi Libre. Des commentaires fusent de partout. Journalistes, éditorialistes, blogueurs et chroniqueurs s'accordent sur la détermination du peuple qui a contraint Moubarak a quitter sont trône. Pendant 18 jours, des manifestations et rassemblements quotidiens sont organisés à la place Tahrir, épicentre de cette révolution égyptienne. Tout en s'interrogeant sur l'avenir du pays entre les mains de l'armée, le journaliste du quotidien Le Monde n'a pas pu dire mieux: «L'Egypte ne sera plus jamais la même». La prochaine étape sera meilleure que les années vécues sous ce dictateur qui a dirigé d'une main de fer le pays. Le Figaro, quotidien à grand tirage, n'a pas dérogé aux commentaires et analyses des autres confrères. «Après trente ans de règne sans partage, le président égyptien est victime du verrouillage d'un système de pouvoir qu'il avait lui-même mis en place. La révolte du peuple a eu raison de cet autocrate jusque-là intouchable.» Le journaliste affirme avoir de la peine à se souvenir que l'intronisation de Hosni Moubarak avait suscité l'espoir des Egyptiens. Le périodique L'Express tranche: «Le Caire en liesse enterre l'ère Moubarak.» Ainsi, la presse française dans sa quasi-totalité a axé ses interventions sur la résistance du peuple. La rue l'a finalement emporté haut la main. La presse britannique n'a pas été en reste de cet événement, désormais planétaire. The Guardian a titré «Hosni Moubarak démissionne et l'Egypte célèbre.» Dans un article titré «Moubarak: à l'Ouest un modéré, chez lui un tyran», The Times résume si pertinemment la fin du régime tyrannique: la dictature de 30 ans se termine en quelques secondes. The New York Times, l'un des grands quotidiens américains, parle d'«un nouveau commencement en Egypte». La puissante armée égyptienne, désormais maître du jeu, a assuré qu'elle ne souhaitait pas se substituer à «la légitimité voulue par le peuple», lit-on dans les colonnes de 24 heures, quotidien suisse. Quant à la presse arabe, Asharq El Awsat, dans sa une d'hier est écrit: «Les jeunes l'ont fait, Moubarak est déchu». En Tunisie qui a connu la révolte avant les Egyptiens, Le Quotidien a rappelé qu'après 18 jours de manifestations qui ont mis des centaines de milliers de contestataires dans les rues du Caire et des principales villes, le président Moubarak a fini par démissionner hier, remettant les clés du pouvoir à l'armée. «L'effet domino semble bien parti», peut-on lire également. Affichant un soutien indéfectible à Moubarak, avant sa déchéance, Al-Ahram, poids lourd de la presse gouvernementale, titre en une «les jeunes d'Egypte ont obligé Moubarak au départ». Le quotidien va même jusqu'à saluer le site de socialisation Facebook, qui a permis aux jeunes militants de relayer les appels à manifester. Al Ahram publie un supplément dédié aux «jeunes de la Libération» sous le titre «Nous avons vaincu». Pour le journal gouvernemental Al-Goumhouriya, faisant allusion aux biens de Moubarak, «le futur président doit être transparent, il est de notre droit de connaître sa fortune avant et après sa prise de fonctions». Une chose est sûre, la rue a pris sa décision: le dictateur est en échec et mat.