Dans cette interview, Halim Benatallah, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Communauté nationale à l'étranger, tente de rassurer la communauté nationale établie à l'étranger de la présence et du soutien de l'Etat. Il aborde, également, les Accords de 1968 avec la France, ainsi que l'organisation de notre communauté en réseau. L'Expression: Beaucoup de choses ont été dites concernant le rapatriement des Algériens du Japon. Pouvez-vous, Monsieur le Ministre, nous faire un point de la situation? Halim Benatallah: Je tiens à démentir d'abord, l'information selon laquelle la compagnie Air Algérie n'a pas été autorisée à atterrir au Japon. Bien au contraire, les autorités japonaises se sont montrées très disponibles pour nous faciliter la tâche. D'autre part, sur demande du gouvernement, Air Algérie a envisagé quelques possibilités pour rapatrier les Algériens établis au Japon. Il a été question d'établir une ligne directe ou d'affréter un avion d'une compagnie étrangère. La meilleure option possible était d'utiliser la ligne directe Alger-Pékin, avec un crochet à Osaka. Au dernier moment, un problème technique a été avancé par le prestataire de service à Osaka. Il nous a informés qu'il ne pouvait plus assurer le service pour le compte d'Air Algérie. Dans cette situation on a opté pour des rapatriements individuels. Entre-temps, beaucoup d'Algériens ont quitté le pays, par leur propres moyens, à destination d'autres pays. D'autres ont préféré rester au Japon pour des raisons professionnelles, vu qu'ils sont titulaires de contrats de travail. Idem pour ceux qui sont mariés à des Japonaises. Du fait, nous n'avons recensé qu'une trentaine de demandes de retour. Donc, nous avons chargé notre ambassade de les prendre en charge. Depuis votre nomination à la tête de ce département, vous avez multiplié les contacts avec notre communauté à l'étranger. Quels sont, M. le Ministre, les grands problèmes auxquels fait face la communauté algérienne à l'étranger, en Europe et en France, en particulier? Je commence par faire deux observations préliminaires. Premièrement, on essaie de modifier la perception qu'on a vis-à-vis de notre communauté, qui consiste à l'appréhender comme étant une communauté à problèmes. Elle n'est pas porteuse de problèmes. Elle est porteuse d'un certain nombre de demandes. Elle est beaucoup plus porteuse de désir de contribuer à faire quelque chose pour le pays. Cela même si, jusque-là, les dispositifs n'étaient pas en place pour le faire. Deuxièmement, notre communauté a beaucoup changé. Nous ne les percevons plus sous l'angle «des immigrés». C'est une communauté appelée à rester durablement dans le pays d'accueil avec, sans doute, des souhaits de retour volontaire. Cela modifie la perception de l'Etat vis-à-vis de la communauté. D'autre part, il faut l'appréhender dans toute sa complexité qui diffère d'un pays à un autre. Je prends l'exemple des Algériens en Grande-Bretagne. Notre communauté dans ce pays est quasiment stratifiée en trois couches: une couche constituée d'élites, celle qui est à la recherche de la régularisation de sa situation et une autre de condition modestes. Les trois couches sont à la recherche de passerelles de communication entre elles. Les préoccupations des uns diffèrent de celles des autres. La situation est similaire là où notre communauté est récente, à l'image de l'Allemagne, de l'Italie, du Canada...etc. Il y a une caractéristique importante à retenir: en dépit de toutes les difficultés dans lesquelles ils vivent, nous ressentons, chez les jeunes générations, une sorte de frustration de ne pas pouvoir contribuer au développement de leur pays. On a constaté un vide de deux missions importantes: l'encadrement général de la communauté et l'absence de dispositifs fonctionnels qui permettraient à notre communauté d'aider le pays. Tout le problème réside dans ce vide. Je veux rajouter une autre caractéristique, qui est propre à notre communauté en France. Dans ce pays, le tissu associatif le plus important est celui du vecteur cultuel. C'est incontestablement, le vecteur le plus actif. Beaucoup de mosquées ont été réalisées par des contributions volontaires. Les associations cultuelles sont énormément présentes sur le terrain. Le mouvement de solidarité est très fort au sein de ces associations. Un site Internet de l'enseignement à distance dédié à notre communauté établie à l'étranger sera mis en place incessamment. Initié par le secrétariat d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères chargés de la communauté nationale à l'étranger et mis en place en collaboration avec le ministère de l'Education nationale, ce site permettra aux Algériens à l'étranger d'étudier huit matières en langues arabe et tamazight. Parmi les matières proposées, on y trouve l'histoire, la géographie l'éducation islamique ainsi que d'autres disciplines.