Au ministère du Commerce, on avait mal reçu l'avertissement lancé par le ministre des Finances, Karim Djoudi. Se dirige-t-on vers une nouvelle flambée des prix dans les prochains mois? Tous les indices économiques confortent cette hypothèse. Si elle vient à se confirmer, ce sera une véritable bombe qu'il va falloir désamorcer en ces moments d'extrême fragilité sociale. Les prix affichés annoncent déjà la couleur. Une simple tournée à travers les marchés des fruits et légumes nous renseigne sur l'affolement des prix. Cela, sans parler des tarifs des viandes et poissons ainsi que d'autres produits de première nécessité. Pis, cette situation perdure depuis plusieurs mois. Les spécialistes en économie tirent la sonnette d'alarme: tous les éléments qui risquent de provoquer une flambée des prix sont réunis. Parmi les arguments avancés, ces experts en économie font référence à la dernière déclaration du ministre des Finances, Karim Djoudi, qui n'a pas écarté une poussée inflationniste en 2011. Selon le ministre, cette inflation sera engendrée par les augmentations de salaires décidées par les pouvoirs publics. Selon M.Djoudi, si l'argent injecté dans le cadre de l'augmentation des salaires est dépensé d'un seul coup par les ménages, cela pourrait provoquer une pression sur la demande interne qui va se traduire par une hausse des prix de certains produits. Pour échapper à cette éventuelle hausse des prix, le ministre préconise la transformation des rappels au titre du régime indemnitaire de 2008, 2009 et 2010 en épargne, dans la perspective d'utiliser celle-ci. En termes plus précis, le ministre n'écarte pas que cette éventualité intervienne lors de la prochaine saison estivale. L'inflation se traduit par une hausse généralisée et durable des prix. Parallèlement aux prévisions de Karim Djoudi, les mêmes experts se demandent si le gouvernement, par le biais de son ministre du Commerce, avait mis en place des mesures d'accompagnement pour assurer la stabilité des prix et surtout éviter de tomber dans le phénomène de la spéculation. L'action gouvernementale exige la coordination entre les différents secteurs. M.Benbada a t-il pris au sérieux le signal rouge lancé par M.Djoudi? Rien n'a été annoncé, du moins pour l'instant. Aucune mesure d'accompagnement n'est envisagée dans ce sens. Ainsi, on se demande si le ministère du Commerce attend que les prix s'envolent pour agir? Les émeutes du 5 janvier dernier provoquées par l'augmentation des prix du sucre et de l'huile sont toujours présentes à l'esprit. A cette époque le signal clignotait au rouge. Au ministère du Commerce, c'était le silence radio. Aucune réaction face au danger. Il a fallu attendre que tout le pays s'enflamme pour voir M.Benbada venir en pompier et décider des mesures d'urgence. Faut-il, ainsi, revivre le même scénario pour annoncer des mesures d'apaisement? La quasi-totalité des dispositifs pris par ce département ont été perçus comme des mesurettes d'urgence. A la lumière de ces données, l'on se demande si le département de M.Benbada avait tiré profit des mauvaises expériences précédentes pour éviter de (re) tomber dans les pièges du passé. Selon toute vraisemblance, les avertissements de Karim Djoudi ont été pris à la légère. Sur le terrain, aucune annoncé n'a été faite pour faire face à cette inflation et éviter de créer des tensions internes. Le hic est que l'inflation qui se profile dans un proche avenir interviendrait à la veille du mois de Ramadhan réputé par la spéculation dans les prix et la cherté de la vie. L'atmosphère nationale et régionale est défavorable à toute augmentation des prix, notamment, lors de ce mois sacré. L'année dernière, on n'avait rien à reprocher à M.Benbada qui venait d'être fraîchement installé à la tête du secteur. Or, cette année, la donne a changé. Le ministre est censé mieux maîtriser les «coulisses des marchés». L'erreur n'est plus permise. A la veille de chaque mois de Ramadhan, le gouvernement annonce une batterie de mesures visant à assurer la stabilité des prix. Mais la réalité du terrain est tout autre. Les dispositifs annoncés ont subi des échecs en cascade, dus à l'absence d'une politique ou stratégie à long terme visant à bien réguler le marché et, surtout, faire face à toute éventualité tant sur le plan économique que social.