Une petite virée à la caserne de Bab El Oued, nous renseigne que l'opération des dispenses du Service national se déroule dans les meilleures conditions. «On peut enfin aspirer à un emploi, on peut vivre sans être hanté par le spectre du Service national»,nous lance Alilou, un jeune chômeur de 33 ans, rencontré à la caserne militaire de Bab El Oued. Cette phrase lourde de sens, prouve un tant soit peut le soulagement avec lequel ont été accueillies les dernières dispositions du Président de la République concernant le Service national. Il est 10h du matin et la caserne est déjà submergée. «Votre carte d'identité, téléphone portable et sujet de la visite», sont demandés à l'entrée par des jeunes militaires. A l'intérieur, la fameuse tribune où ont attend pour recevoir les cartes militaires est déjà pleine à craquer. Les militaires courent dans tous les sens pour satisfaire les milliers de demandes qu'ils reçoivent tous les jours. «Les effectifs ont été doublés», confie Abdelka, militaire, originaire d' Oran. Car, il rappelle «qu'en plus de s'occuper de mettre en place les dernières dispositions, ils continuent de faire passer les visites médicales aux jeunes de 18 ans, de renouveler les sursis aux étudiants, et remettre les cartes militaires aux jeunes dispensés pour des raisons médicales». 12h: Un militaire s'avance vers la tribune, dans sa main des cartes jaunes. L'angoisse gagne les jeunes qui attendent depuis ce matin. Le militaire commence à faire l'appel des dispensés. «Mabrouk, mabrouk», leur lancent leurs camarades qui attendent leur tour. Le soulagement se lit sur les visages. «Merci, merci M. le Président», jubile Karim, un jeune qui vient de recevoir son sésame. «On peut désormais commencer une nouvelle vie», ajoute-t-il, le sourire aux lèvres. Même s'il se dit «très satisfait» de ces dernières dispositions, Karim, regrette qu'elle ont tardé à être prises. «Il a fallu attendre que la rue se soulève pour qu'ils nous dispensent. Vous vous rendez compte, j'ai plus de 32 ans et je suis sans travail!». La raison du chômage de Karim est, d'après lui, toute simple: «Pas de carte nationale, pas de travail! On était ligotés par la carte nationale». Pour Karim, comme pour tous les autres jeunes qui ont été dispensés de l'obligation du Service national, «c'est une nouvelle vie qui commence, et cela même si c'est à 30 ans!». Son ami Mohamed, quant à lui, pense surtout à sa maman qui angoissait à chaque fois qu'une voiture de gendarmerie passait dans le quartier. «J'ai réussi à me trouver un travail sans la carte militaire. Mais ce qui me faisait peur, c'est d'être arrêté dans un barrage des forces de l'ordre et conduit à la caserne», raconte Mohamed. Les «graciés» du service militaire se disent, à l'unanimité, satisfaits de l'accueil et de la prise en charge au niveau de la caserne de Bab El Oued. Cependant, notre journée chez les militaires ne s'arrête pas là. Curieux que nous étions, nous sommes partis faire un tour au niveau des visites médicales. Pour avoir une idée de ce qui se passe là-bas! Rien d'anormal jusque-là. Des jeunes de 18 ans attendent patiemment leur tour à proximité des médecins. Mais ce qui a attiré le plus notre attention est que l'Armée semble sélective. Les non-diplomés sont pratiquement tous classés comme inaptes. Cette sélection se fait ressentir également au niveau des dispositions du Président. Ainsi, juste après l'annonce de Bouteflika, le ministère de la Défense nationale a lancé des appels pour le recrutement de jeunes diplômés, dans les différents corps de l'Armée nationale populaire. Cet avis de recrutement montre clairement que malgré les dispenses, les troupes militaires algériennes ne risquent pas de se dégarnir. Bien au contraire, l'armée algérienne est en train de passer à une nouvelle étape qui est celle d'une armée de métier et non d'appelés.