Le président français a estimé que son pays traverse la plus grave crise depuis 1945. «Nous devons nous poser la question de l'immigration légale», a déclaré le président français, Nicolas Sarkozy, lors de l'entretien à paraître aujourd'hui, qu'il a accordé à la revue hebdomadaire L' Express. Répondant aux questions sur l'immigration et les propositions de Claude Guéant, ministre de l'Intérieur, sur la limitation de l'immigration légale qui ont essuyé un flot de critiques, M.Sarkozy a enfoncé le clou en donnant raison à son ministre. Selon lui, «Claude Guéant a eu raison de ne pas en faire une question idéologique», ajoutant que «la population active de la France augmente de 110.000 personnes par an». C'est-à-dire qu'avant de faire reculer le chômage d'une unité, il faut avoir déjà créé 110.000 emplois. Conscient des difficultés que rencontre la France en matière d'emploi, le président français s'en prend indirectement aux étrangers non communautaires, responsables de millions de chômeurs français. «Avec nos difficultés à fournir un travail à tous nos nationaux et un chômage à 23% pour les étrangers non communautaires, nous devons nous poser la question de l'immigration légale: c'est du bon sens». N'hésitant pas à citer l'exemple de l'Allemagne où, à l'en croire, il y a 100.000 actifs de moins par an, Nicolas Sarkozy dit qu'il n'a jamais été pour l'immigration zéro parce que «les civilisations s'effondrent par la consanguinité et non pas le melting-pot». Un redéploiement de l'immigration économique est jugé salutaire, du moins, c'est ce que projette le président français qui précise: «Nous devons adapter l'immigration économique à ces réalités et faire en sorte que notre formation professionnelle réponde aux besoins de notre économie». Revenant sur les dernières cantonales et analysant la poussée de Mme Marine Le Pen et du FN, M.Sarkozy a d'abord cherché à en atténuer les effets, en expliquant que seulement deux cantons ont été gagnés par le FN avant de critiquer vertement ceux qui en ont appelé à Tarik Ramadan qu'il traite de fondamentaliste et qu'il compare à Le Pen. «Quand je vois qu'on en appelle à Tarik Ramadan qui est un fondamentaliste pour répondre à Le Pen! Je me demande si certains voient le décalage entre ce qu'ils disent et ce que vivent les Français». N'empêche que le président français admet qu'il y a crise et que depuis 1945 la France n'a pas vécu pareille situation.