Le mouvement de contestation ne fléchit pas en Syrie où les militants ont annoncé la poursuite de la «révolution et des manifestations» alors qu'il y aurait environ 8000 «détenus ou disparus» dans le pays, selon une organisation des droits de l'homme. «Nous poursuivrons notre révolution et nos manifestations pacifiques à travers la Syrie jusqu'à ce que nous obtenions notre liberté», ont affirmé mardi les comités de coordination des manifestations dans plusieurs villes, dont Banias (nord-ouest) et Homs (centre) ainsi que Deraa (sud), épicentre de la contestation, assiégée depuis plus d'une semaine. Entre-temps, le président Bachar Al Assad a affirmé, en recevant des notables de Deir Ezzor, Al-Boukamal et Al-Mayadine (est), que les «unités de l'armée entrées à Deraa le 25 avril achèveront leur mission très bientôt», a rapporté hier le quotidien privé Al Watan, proche du pouvoir. «Tous les pays peuvent connaître des événements comme ceux survenus à Deraa», a-t-il ajouté. Washington avait dénoncé mardi l'utilisation de chars, «une vaste campagne d'arrestations arbitraires visant de jeunes hommes à Deraa». «Ce sont des mesures franchement barbares qui s'assimilent à la punition collective de civils innocents», s'est alarmé Mark Toner, porte-parole du département d'Etat, répétant que M.Assad «doit cesser toute violence contre des manifestants innocents». Dans leur communiqué, les militants ont dénoncé la répression et les récentes arrestations massives parmi les contestataires, faisant état d'au moins 500 arrestations par jour à travers le pays. Le nombre de personnes «détenues ou disparues pourrait dépasser les 8000», a indiqué pour sa part Wissam Tarif, directeur exécutif de l'organisation de défense des droits de l'homme Insan. Selon lui, Insan avait pu confirmer la détention de 2843 personnes, dont 891 à Deraa et ses environs, 103 à Zabadani et 108 à Madaya, deux localités au nord-ouest de Damas, 384 dans la région de Damas, 636 à Homs et ses environs, ainsi que 317 à Lattaquié, 267 à Jableh et 37 à Tartous, trois cités de la côte méditerranéenne. Mais 5157 autres noms sont en cours de vérification, dont 4038 à Deraa et ses environs, a-t-il ajouté. «Le régime perd la raison (...) car en dépit du siège et de la brutalité dont sont victimes plusieurs villes, et les arrestations de centaines de personnes, les manifestations prennent de l'ampleur chaque jour», soulignent les militants qui contestent le régime en place en Syrie depuis 1963. Mardi, plusieurs centaines d'étudiants ont manifesté avant d'être dispersés par les services de sécurité dans le campus universitaire d'Alep (350 km au nord de Damas), l'une des rares régions à être relativement épargnées par la contestation, lancée le 15 mars dans la foulée des révoltes arabes. «Par notre âme, par notre sang, nous nous sacrifierons pour toi Deraa», scandaient-ils, selon une vidéo diffusée sur Youtube. «Levez le siège! Levez le siège!», criaient-ils, rythmant leurs slogans par des frappements de mains. «Depuis trois jours, l'armée envoie des renforts à l'entrée nord de la ville» d'Ar-Rastan, place forte de la contestation, sur la route entre les villes de Homs et Hama, qui surplombe le barrage de l'Oronte, a affirmé un militant de la ville.