Dérision, humour, mimiques, chant et danse à volonté sont les principaux ingrédients de ce spectacle... Dimanche dernier, 21 heures, à la salle El-Mougar. Le spectacle peut commencer. La salle est quasiment pleine. Le rideau s'ouvre enfin. Le public est plongé dans la pénombre. Sur le côté gauche de la scène, un homme assis sur une chaise joue de la guitare. Quelques notes puis soudain, surgissent trois hommes, en tenue mexicaine, tout de noir vêtus avec une large ceinture à la taille. Entre mimiques, gesticulations dans tous les sens, le public éclate de rire. Humour, dérision et parodie des chants sont les principaux ingrédients de ce spectacle. Intitulé Les folies berbères, il est animé et soutenu par trois «mecs» déjantés, les frères Yacine et Hichem Mesbah et Bendaoud Athmane. Trois trublions qui sous les airs chaloupés que distille le guitariste Khalil, s'amusaient véritablement comme des fous sur scène. Dans un esprit de légèreté, ils offriront au public un show surprenant plein de drôlerie et de raillerie. Nourri et enveloppé de tendresse aussi. Comme de jeunes écoliers qui font les pitres pour faire marrer leurs camarades, les trois humoristes s'employaient à user de la caricature pour pasticher certaines situations grotesques à vous plier en quatre. Leur langage se décline souvent en chansons (Kom Tara, Ana Bahibak ya Mustapha...) dans des termes hachés, rimés, style banlieusard ou de rappeurs ou encore en parlant dans différentes langues (anglais, espagnol, italien, arabe du Golfe, kabyle...). Hilarant! C'est bien connu, tous les imitateurs ou presque utilisent ce procédé, l'emploi de l'accent qui déclenche automatiquement le rire. Leur dialogue de sourds est parfois volubile, anarchique, désarticulé à la limite du «charabia». Mais qu'à cela ne tienne, le public algérien aime rigoler de bon coeur pour se détendre. Il trouvait là, avec ce spectacle, l'occasion rêvée pour décompresser un peu et s'évader le temps d'un récital, oubliant ainsi ses soucis du quotidien. Les trois comédiens, puisqu'ils interprètent des scènes comiques, sont aussi chanteurs. Ils alternent les styles et les mélodies. Ils surprennent. Du grégorien, chant sacré, ils passent aux mélodies turques, puis russes, de la danse, du tango de l'Argentine au chaâbi en passant par le vieux répertoire de la musique algérienne, à savoir M'chat alia de Lili Boniche. A signaler la posture très marrante pour chaque interprétation. La «redjla» est de mise pour le chanteur de chaâbi et la «toque» est indispensable pour jouer le russe. Les personnages loufoques défilent devant nos yeux sans discontinuer. Nous avons droit au macho italien, cigarette au bec, chapeau et lunettes noires, les faux dévots saoudiens qui fantasment sur Paris et plus précisément sur les danseuses du Moulin Rouge. La musique est très entraînante, ponctuée du son des karkabou. Entre le «berouali» et le «hedi», il y a le rock et le blues. Les complaintes kabyles retiennent tout l'intérêt du public qui s'y reconnaît. Et tout le monde, de ce fait, trouve son compte. Heureux et content, le public sort enfin satisfait de la prestation de ces sympathiques bonhommes. Cela fait dix ans que ces «metteurs d'ambiance» se sont arrétés de tourner. Leur come-back fut concluant. Si vous les avez ratés cette fois, vous pourrez vous rattraper le 23 novembre prochain à la salle Ibn Zeydoun de Riadh El-Feth. Ça vaut le déplacement...!