Le spectacle Opus 2 de la formation Onstap était prévu à 19h30. Et pour une fois, c'est le public qui s'est fait attendre. Mais au bout d'une dizaine de minutes, le coup de départ est donné. Le noir total se fait dans la salle durant quelques secondes. Soudain, on aperçoit cinq lumières mobiles et on entend un chant bizarre. Surprise et murmures au sein des spectateurs. La scène s'éclaire peu à peu. Cinq jeunes hommes dansent, chantent et font de la musique avec... la bouche. Sur leur front, une lampe de mineur. Derrière eux, le décor est nu, hormis deux bancs (publics) collés et calés à l'arrière. Le rythme se fait entraînant : les mains claquent sur différentes parties du corps, les pieds martèlent le sol. Le corps, ce plus vieil instrument du monde, devient un orchestre à lui seul. Leur danse est une véritable chorégraphie, inspirée autant du hip-hop que de la danse africaine et de la danse urbaine. Du step ou de la danse a cappella. Par moments, des éléments interviennent : des percussions, des cris terrorisants et deux chansons : Les bancs publics de Brassens et Ya Zina de Raina Raï qui déchaîne le public. Un sexagénaire rejoint les danseurs sur scène pour quelques minutes, le temps de quelques pas de danse. Les spectateurs, quoique très réduits, sont totalement dans le show. D'autant que la troupe les invite régulièrement à les accompagner en tapant des mains, en sifflotant, en imitant des cris d'animaux... Le public est ravi et ne se fait pas prier pour jouer le jeu. Les cinq danseurs d'Onstap sont surprenants, brillants, bruyants, comiques, subtils, étourdissants, énergiques, gracieux, joyeux... Ils tapent sur leurs cuisses, sur leur torse, se tapent les uns sur les autres, tambourinent sur le sol, sautent, bondissent, font des mimiques, susurrent et murmurent... Des prouesses techniques font de leur corps l'instrument du rythme : une percussion vivante et résonnante. Et pour marquer la fin du spectacle, ils se transforment en rappeurs invétérés et traversent la salle au milieu du public. Ils reviennent par la scène pour remercier les spectateurs et faire leurs adieux. Mais face à une telle assistance complice, ils ont du mal à partir. Improvisation : ils font appel à des danseurs parmi le public. Ils sont quatre à monter sur scène pour une petite démonstration hip-hop, accompagnés par Onstap pour ce qui est de la musique (vocale). Un autre tour chorégraphique, puis, ils s'en vont. Le public oranais les retrouvera ce soir à la salle USTO. Au total, moins d'une heure de spectacle, aussi surprenant qu'exquis. Les cinq danseurs avignonnais nous ont démontré que le corps n'a pas encore révélé tous ses secrets. Avec leur talent avéré, les membres d'Onstap se révèlent être de véritables phénomènes du step qu'ils ont révolutionné ou, simplement, réinventé.