En l'élisant, les membres du CC ont désigné un homme qui n'a pas pris part à la guerre de Libération nationale. Une première historique pour le FLN. D'autres importants changements sont attendus dans les prochains jours. C'est sans surprise que le comité central du FLN a entériné avant-hier la nomination de Ali Benflis à la tête du parti. Dès sa prise de fonction, il a donné le ton à travers un long discours-programme où tous les aspects de la vie nationale ont été abordés, avec une pointe d'intérêt sur la question de la lutte antiterroriste et l'association des jeunes et des femmes à tous les niveaux de responsabilités au sein de l'appareil du parti. Pour ce qui est de lutte antiterroriste, le SG du FLN a clairement affirmé le soutien qu'apporte sa formation à la concorde civile. «Je ne connais pas et sûrement qu'il n'y a pas de pays ou de contrée qui n'ait, à un moment donné de son histoire, dû instaurer la concorde civile par la mansuétude, consécutivement à une déchirure sociale», a-t-il souligné, citant plusieurs exemples de nations qui ont eu recours à cette solution, à l'image des Etats-Unis, de l'Afrique du Sud et d'autres pays. Cependant, insiste Benflis, «la concorde civile n'est pas l'abandon de la lutte antiterroriste». L'autre gros morceau attendu de cette session ordinaire du CC, concerne effectivement le rajeunissement et la diversification de la composante des structures du FLN. Benflis n'y est allé par quatre chemins pour annoncer sa volonté de voir les jeunes et les femmes intégrer les instances dirigeantes du parti. Une option prise très au sérieux et qui devrait prendre effet prochainement avec un remaniement attendu au niveau du Bureau politique. On assure, dans certains milieux proches du FLN, que le mandat de Benflis sera axé sur le «lifting» du vieux parti pour lui permettre d'opérer une mue nécessaire aux fins de l'adapter à l'évolution du monde. La dernière phrase de Boualem Benhamouda est, en ce sens, révélatrice. Il a, en effet, évoqué le passage du flambeau d'une génération à une autre. En élisant Benflis, les membres du CC ont désigné un homme qui n'a pas pris part à la guerre de Libération nationale. Une première historique pour le FLN. Cela renseigne aussi sur la volonté des militants de changer d'époque. La session du comité central demeure ouverte. Les travaux devraient reprendre le 11 octobre prochain pour statuer sur les propositions de la base en ce qui concerne la stratégie électorale à adopter en prévision des prochaines élections législatives et locales. Une consultation qui semble faire partie du style Benflis qui a réuni à huis clos les 48 mouhafeds du parti. Un travail de proximité, dont le nouveau SG veut faire son cheval de bataille. D'ailleurs, il a invité les militants à privilégier un discours de proximité qui s'intéresse aux problèmes quotidiens du citoyen. Enfin, ce qui s'est passé avant-hier à l'hôtel Mouflon d'or, participe de la fin d'une époque et du début d'une autre, pour un parti politique qui aspire à jouer les premiers rôles dans l'Algérie d'aujourd'hui et de demain. Il est clair que le changement du SG augure des transformations profondes du FLN qui semble déterminé à s'adapter à la nouvelle donne politique nationale et internationale.