Les congressistes qui l'ont plébiscité hier lui ont élaboré des statuts sur mesure. C'est lui désormais le maître de la maison FLN. Sans surprise, Ali Benflis a été réélu, hier, à l'unanimité, secrétaire général du FLN. Les congressistes de son parti l'ont tout simplement plébiscité. Mais cette fois-ci pour cinq ans, car ses militants lui ont concocté des statuts sur mesure. La loi fondamentale du FLN a été amendée de telle sorte que le choix du secrétaire général ne soit plus l'apanage du comité central mais relève des prérogatives du congrès. C'est son prédécesseur, Boualem Benhamouda, qui, du haut de la tribune, a proposé sa réélection à une salle qui lui était, en fait, totalement acquise. “Depuis le septième congrès, une seule idée me tenait à cœur, disait-il, que Dieu me donne la vie jusqu'au jour où je proposerai à la direction du FLN un militant sérieux, un homme intègre et honnête, et, Dieu merci, mon vœu est exhaussé.” Auparavant, c'est un autre poids lourd du parti qui rejoint le perchoir pour dire sa “totale et complète confiance” en l'homme fort de l'ex-parti unique. Il s'agit de El-Hadi Khediri qui “prend la parole pour la première et dernière fois en plénière”. Et dans un parti comme le FLN, bénéficier des faveurs de la vieille garde, ce n'est pas rien. Ali Benflis semble prédestiné, en effet, à un avenir politique autrement plus important et à la mesure des prérogatives qui lui ont été octroyées par les congressistes qui ont fait de lui le maître suprême de la maison FLN. Une étape décisive et déterminante pour d'autres rendez-vous et d'autres échéances politiques que tous les militants du parti attendent. Ainsi, avec les nouveaux statuts, Ali Benflis s'offre les pleins pouvoirs. Le comité central, qui a dans le temps la prérogative de mettre ou de démettre les secrétaires généraux, perd ses pouvoirs au profit du congrès. Du coup, “le professeur” se retrouve inamovible pendant un mandat de cinq ans. Il est, en effet, le porte-parole du parti. Il peut convoquer un congrès extraordinaire, il est habilité à amender les statuts du FLN si la nécessité l'exige, il préside le comité central, il désigne les membres des cinq commissions permanentes et met fin à leurs fonctions, il désigne les mouhafadhs et met fin à leurs fonctions. Autant de pouvoirs qu'aucun premier responsable de la formation majoritaire n'a possédés auparavant. Il faut le dire, Ali Benflis et son équipe ont cousu le huitième congrès du FLN de fil blanc. Comme il l'avait prévu à l'issue de la dernière réunion du CC, l'actuel Chef du gouvernement n'a buté sur aucune résistance à la modernisation du parti. Même “la vieille garde”, habituée dans le temps aux manœuvres de palais, a fini par lâcher du lest devant celui qu'on présente comme “l'homme du consensus”. L'un de ses dignes représentants est allé jusqu'à dire que “l'étape que connaît actuellement le FLN s'inscrit dans le cadre de l'évolution naturelle des choses”. Ce que confirmeront certainement les élections au comité central. Le rajeunissement du parti a donné des ailes à son chef qui, visiblement, a acquis désormais le statut d'un présidentiable. Une commission de préparation de l'élection présidentielle d'avril 2004 sera d'ailleurs mise sur pied. Le FLN, qui s'est doté d'un véritable programme politique, n'attend, en fait, que son candidat. Pour ce faire, la tenue d'un congrès extraordinaire est déjà annoncée. Il se tiendra à quelques mois de cette échéance électorale. S. R.