Le compte à rebours d'une attaque militaire ponctuelle a commencé. Même si la Maison-Blanche et le Pentagone ne cachent pas leur frustration devant l'absence de cibles matérielles crédibles, cette attaque s'avère nécessaire pour Bush, afin de se racheter aux yeux de l'opinion publique américaine. Au moins une centaine d'avions militaires a pris, jeudi dernier, la direction du Golfe. Il s'agit d'avions de chasse F15 et F16, des bombardiers B52 et B1, ainsi que des avions de ravitaillement en vol et des avions radar Awacs. En outre, les premiers navires du groupe aéronaval de 14 navires, dont le porte-avions «Theodore Roosevelt», ont appareillé, mercredi dernier, de Norfol (Est) pour la Méditerranée, voire le Golfe. Ce groupe, en plus de 15.000 hommes, dispose de missiles de croisière sur plusieurs navires, ainsi que de forces spéciales (2000 commandos marines). Deux autres porte-avions «Enterprise» et «Carl Vinson» sont déjà en mission dans l'océan indien. On a annoncé, également, le « Kitty Hawk », un autre porte-avions américain, qui a quitté, hier matin, sa base de Yokosuka dans la baie de Tokyo. Escorté par 90 vaisseaux militaires, le bâtiment se dirigerait vers l'océan Indien. Le «Kitty Hawk», qui peut accueillir environ 5500 hommes et 75 avions, a été précédé, jeudi par le Destroyer «USS Cushing» et lundi par le croiseur «USS Vincennes» et le destroyer «USS Curtis Wil Bur», tous deux équipés de missiles téléguidés. Ce déploiement des forces militaires est, selon le secrétaire de l'armée de terre américaine, Thomas Wite, une première étape dans un plan de grande ampleur qui a été mis en oeuvre dans les semaines à venir. Cependant, un black-out total est observé par les Etats-Unis sur ces mouvements et même sur les éventuelles opérations militaires en Afghanistan. Le secrétaire adjoint à la Défense des forces américaines, Paul Wolfowitz, s'est contenté de déclarer: «J'espère que tout le monde comprendra, y compris le peuple américain, pourquoi nous ne voulons pas révéler de détails sur ces mouvements.» De son côté, le président Bush, qui a appelé, jeudi, les forces armées «à se tenir prêtes», a annoncé qu'il utilisera «tous les moyens, y compris les armes de guerre nécessaires pour écraser les réseaux planétaires de terreur». S'exprimant, devant le Congrès, Bush a expliqué aux Américains, la nécessité d'une «campagne de longue haleine», et a indiqué qu'il entend être patient, examiner ses options et qu'il vise avant tout, l'efficacité. Selon le quotidien britannique Times les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont planifié une guerre contre le terrorisme longue de dix années baptisée «Opération aigle noble». Mais en attendant, le mouvement massif de l'armada militaire américaine prélude à une attaque ponctuelle qui s'avère nécessaire pour Bush, afin de se racheter aux yeux de l'opinion publique et effacer l'affront subi par son peuple. Parallèlement à cette mise en branle de la machine de guerre, l'Administration américaine se consacre à une offensive diplomatique exceptionnelle pour rallier le plus grand nombre de pays à sa campagne antiterroriste.