La valse des départs de hauts commis de l´Etat, la sous-estimation des cadres nationaux - avec pour première et pénalisante conséquence, la fuite des cerveaux - ne semble pas avoir de fin. C´est même, semble-t-il, une des constantes d´un pays qui s´est complu ces dernières années à dilapider ses compétences les encourageant même à aller faire mieux ailleurs. C´est un euphémisme que de dire qu´aujourd´hui l´Algérie est un pays qui renoue avec le sous-développement alors qu´il avait, qu´il a tout, en fait, pour devenir une des puissances économiques du continent africain. Le moins qui puisse être dit, dans la phase de transition sans fin que traverse le pays, est que nous payons cash les erreurs de gestion des ressources humaines d´une part, le fait d´avoir durablement minoré nos compétences et poussé notre intelligentsia, à se réaliser ailleurs. Pris sous cet angle, les déperditions de ses managers, ses hommes de science et de culture, que connaît l´Algérie, se confinent à de l´autoflagellation. Si l´on excipe du fait que nos «cerveaux» qui ont trouvé le gîte et le travail à l´étranger, font des miracles dans leurs domaines particuliers de compétence. Compétences qui n´ont pas trouvé à s´employer dans leur propre pays. A ce niveau d´errements, ce n´est plus un paradoxe. On peut même se demander si tout cela n´est pas délibéré. Ils sont combien de cadres, parmi médecins, professeurs d´université, informaticiens, managers, patron d´entreprises...qui, de guerre lasse, n´avaient plus qu´une issue: partir. Les chiffres de cette hémorragie existent-ils alors qu´on parle de 500.000 à un million d´Algériens ayant des «bagages» universitaires à avoir quitté le pays lors des dix dernières années? Comment, d´autre part, retenir ces cadres sous-payés, peu considérés, alors que de l´étranger on leur propose des ponts d´or? Comment, dès lors, prétendre convaincre des cadres, qui se sont fait «une place au soleil» sous les cieux de leurs pays d´accueil, de revenir en Algérie, quand les compétences nationales sont marginalisées et peu prises en compte? Comment les chercheurs universitaires, les professeurs de médecine, plus généralement ces hauts cadres de l´Etat, peuvent-ils travailler dans la sérénité et créer quand leur avenir social, celui de leurs enfants n´est pas assuré? Faut-il dès lors s´étonner que l´Algérie doive aujourd´hui importer, y compris des ingénieurs et techniciens spécialisés, pour construire ses routes, ses hôpitaux et ses logements, quand ses propres ingénieurs, techniciens supérieurs sont laissés-pour-compte? Aussi, les mécomptes du pays ne sont pas près d´avoir une fin tant que l´intelligentsia nationale, seule à pouvoir remettre l´Algérie sur les rails, demeure marginalisée et peu prise en considération par les pouvoirs publics et les décideurs.