Constat Le projet moderniste que défend, depuis des années, le président du RCD semble loin de «cadrer» avec la réalité de la société. C?est à Boumerdès et à Tizi Ouzou. Par trois fois, Sadi a juré : «Bouteflika ne passera pas.» Le résultat est là. Celui qui affichait une telle certitude se retrouve au bas de l?échelle et son adversaire le toise maintenant du haut de ses 83%. La «fraude» du pouvoir et le boycott prôné par les ârchs ont privé Sadi ? selon lui ? d?un score moins humiliant. Le problème est qu?aujourd?hui, Sadi et le RCD doivent se rendre à l?évidence : ils n?ont pas de dimension nationale ! C?est à peine s?ils arrivent à maintenir un peu d?audience en Kabylie. Sadi, et avec lui le RCD, peine à rallier à ses idées et à son projet les citoyens. Malgré le discours franchement hostile au pouvoir qu?il développe, Saïd Sadi n?arrive toujours pas, en effet, à gagner la sympathie d?un grand nombre de citoyens qui aspirent pourtant au changement et à la modernité. En dehors de la Kabylie et d?une partie de l?Algérois, son influence est très faible à travers le pays. L?étiquette régionaliste, qu?on ne cesse de coller à Sadi et à son parti, semble leur porter préjudice à chaque rendez-vous électoral. Aussi, le projet moderniste que défend depuis des années le président du RCD semble loin de «cadrer» avec la réalité de la société algérienne. A ce propos, Sadi n?avait-il pas déclaré, au lendemain de la déroute de son parti lors des élections législatives avortées de 1991 : «Je me suis trompé de société !» Cela dit, même en Kabylie, le RCD n?a plus le poids qu?il avait par le passé. C?est que beaucoup de ses membres fondateurs et militants en vue ont déserté ses rangs, à commencer par Mokrane Aït Larbi, en passant par Ferhat Mehenni et Amara Benyounès, sans oublier ceux qui ont été exclus pour avoir enfreint la «discipline partisane», à l?image de Khalida Messaoudi et d?Ould Ali El-Hadi. Pour certains de ses anciens militants, «le RCD milite pour l?instauration d?un Etat démocratique, or au sein même du parti, il n?y a pas de démocratie». Si le RCD, tout comme le FFS, a perdu du terrain en Kabylie, c?est aussi parce qu?il «fait de l?opposition à l?opposition», dit-on, allusion au FFS. «Quand le FFS participe à une élection, le RCD boycotte, et vice versa.» C?est cette «animosité» qui a été à l?origine de l?apparition du mouvement des ârchs en Kabylie, selon de nombreux observateurs. Par ailleurs, la participation du RCD au gouvernement Benflis, issu de la présidentielle de 1999, a beaucoup nui à son image de parti d?opposition. A ce titre, il faut rappeler que le RCD avait boycotté cette élection qu?il avait qualifiée de «dernière fraude du siècle». Malgré cela et estimant que l?exercice du pouvoir n?est pas un tabou, le parti de Sadi a rejoint le gouvernement issu de la «dernière fraude du siècle». Certes, au déclenchement des événements de Kabylie en 2001, il a retiré ses ministres, mais d?aucuns qualifient cette expérience d?«échec» pour le RCD. Un autre échec.