L´Algérie semble de toute évidence mettre un bémol à ses ambitions nucléaires. Le ministre de l´Energie et des Mines, M.Chakib Khelil, qui s´exprimait samedi soir à la Télévision nationale n´a pas été très engageant là-dessus. Répondant à la question du journaliste de notre quotidien sur le sujet, le ministre a réduit le projet de l´Algérie de se doter de l´énergie nucléaire à une simple «option au même titre que l´énergie solaire». Une option dont les éléments constitutifs passés en revue par M.Khelil ne militent pas pour son adoption, du moins dans l´immédiat. C´est, dira-t-il, une énergie non renouvelable, contrairement au solaire, donc pas durable. A cela il faut ajouter le lourd financement qu´elle implique. La formation de haut niveau de la ressource humaine qu´exige son fonctionnement. De plus, un fonctionnement qui ne peut s´inscrire que sur le long terme. Ajoutez à cela le choix du partenaire pour l´indispensable enrichissement de l´uranium qui n´est pas une mince affaire. Enfin, que du négatif qui laisse transparaître que l´Algérie n´est pas pressée de s´engager sur cette voie. Il est plus juste de dire que l´Algérie n´est plus pressée car il y a à peine deux mois, M.Chakib Khelil tenait un tout autre discours à la Radio. Affirmatif, il déclarait que «vers 2020, l´Algérie aura probablement sa première centrale nucléaire et nous aurons après une centrale tous les cinq ans». Ajoutant que l´Algérie qui a déjà conclu des accords pour le nucléaire civil avec l´Argentine, la France, la Chine et les Etats-Unis a lancé des négociations avec la Russie et l´Afrique du Sud pour de nouveaux accords. Visiblement, entre le mois de février où il a tenu ces propos et samedi dernier, l´Algérie a revu sa copie. En développant cette nouvelle attitude, le ministre de l´Energie donnait l´impression de se ranger à l´avis de la célèbre ONG Greenpeace qui, en décembre 2007, avait dénoncé l´accord de coopération nucléaire signé entre l´Algérie et la France lors de la visite d´Etat du président Sarkozy. Cette organisation non gouvernementale ne comprenait pas «la volonté de certains pays (comme l´Algérie Ndlr) de se lancer dans une technologie en régression mondiale, très risquée et très coûteuse, qui les mettra sous dépendance technologique et énergétique de la France et d´Aréva (groupe français spécialisé dans l´installation de centrales nucléaires), alors qu´ils disposent de toutes les conditions pour passer directement à un modèle énergétique propre, notamment fondé sur les énergies renouvelables». Il n´est pas forcément systématique que les positions de Greenpace rejoignent les intérêts des pays en développement mais, sur ce dossier, l´ONG avait incontestablement vu et dit juste. Il faut tout de même ajouter qu´au cours de la même émission radio de février dernier, M.Chakib Khelil n´avait pas omis de souligner que malgré tout, l´importance sera donnée au développement de l´énergie solaire «moins polluante» et sans «possibilité d´enrichir l´uranium et le retraiter une fois utilisé». En mettant en exergue la construction de notre première centrale hybride solaire-gaz de 150 mégawatts à Hassi R´mel. A la différence cependant que si notre ministre avait laissé la porte du nucléaire civil ouverte, tout laisse croire qu´il vient de la fermer samedi dernier. La politique a ses raisons...