En parcourant la presse nationale hier, notre attention a été attirée par ce titre d´un confrère: «A quoi joue Euronews?». Une petite brève au sujet du retour, dimanche dernier, par cette chaîne de télévision sur les circonstances de l´attaque de la flottille d´aide humanitaire pour Ghaza. Le confrère exprimait son étonnement devant les affirmations du commentateur de la télé qui soutenait que l´attaque a eu lieu dans les eaux territoriales israéliennes. Alors que toute la planète, y compris Israël, reconnaissait que l´événement a eu lieu dans les eaux internationales. «A quoi joue Euronews?» s´est, alors, légitimement interrogé notre confrère avant de soulever «une tentative de désinformation en faveur d´Israël». Mais bien sûr et cela date depuis la création de cette chaîne. Il faut suivre ses couvertures quand les intérêts d´Israël sont touchés de près ou de loin. Pour faire court, les méchants peuvent être partout mais en Israël il n´y a que les bons. A ce jeu-là Euronews n´a pas le monopole. La chaîne Arte (Européenne elle aussi) est encore plus décomplexée. Pratiquement toutes ses soirées sont dédiées à la Seconde Guerre mondiale et au martyre vécu exclusivement par les juifs. Et personne d´autre. La victimisation est un fonds de commerce très précieux et tellement prospère depuis un demi-siècle que ces chaînes, et d´autres aussi, veillent à ne pas laisser s´infiltrer d´autres peuples. Ces deux exemples ne le sont qu´à titre indicatif. Il faut savoir que les médias pro-israéliens ont tissé une véritable toile d´araignée qui a mis sous coupe réglée toutes les informations diffusées à travers le globe. Une toile qui a son vocabulaire préétabli, ses images présélectionnées à l´identique sur toutes les chaînes, ses moments pour amplifier l´information et d´autres pour «couper le son» et l´image. Deux tout petits exemples pour illustrer ce constat. Samedi dernier est entrée en fonction la centrale nucléaire de Bouchehr en Iran. L´événement a fait la Une sur tous les supports. Tous contre l´Iran bien sûr. Tous contre la Russie aussi pour sa coopération avec l´Iran dans la réalisation de cette centrale. Sauf que pour la Russie le ressentiment était plus perceptible qu´énoncé. Ou plutôt l´énoncé est venu autrement mais le même jour. On a vu surgir sur toutes les chaînes télé (Euronews et Arte étaient bien sûr de la partie) une manifestation contre Vladimir Poutine. Pas pour la centrale mais pour... le sort d´une forêt menacée par la construction d´une autoroute à Moscou. On y voyait des manifestants crier «Poutine, démission!» Le lien entre la centrale et la forêt est aveuglant. On peut y ajouter l´acharnement des médias contre BP durant la marée noire couverte largement et sans relâche pendant des semaines. Tout avait commencé, en avril dernier, par l´explosion d´une plate-forme pétrolière exploitée par BP au large de la Louisiane. Une explosion dont les mêmes médias se sont vite désintéressés de l´origine qui a de fortes chances d´être criminelle. Les caméras n´avaient en ligne de mire que BP et sa responsabilité dans la catastrophe. En cherchant bien, on trouve un lien entre cet événement et un autre survenu une année auparavant. En effet, on apprend que BP aurait eu un rôle déterminant dans la libération du détenu libyen impliqué dans l´affaire de Lockerbie. Quand on sait comment cette libération a été accueillie par les médias en question, on comprend mieux le lien. Ainsi va «la liberté d´expression» à Euronews, à Arte et dans toutes les chaînes prises dans la toile d´araignée.