La France, à l'instar de la communauté internationale, a condamné hier l'assaut perpétré par l'armée israélienne contre «la flottille de la Paix» destinée à la population palestinienne de Ghaza soumise depuis 2007 à un blocus strict, asphyxiant qui condamne 1,5 million d'habitants. Le président français, Nicolas Sarkozy, a condamné «l'usage disproportionné» de la force en exprimant sa «profonde émotion devant les conséquences tragiques» de cette opération militaire israélienne, selon un communiqué de l'Elysée. Adressant ses «condoléances aux familles des victimes», le président Sarkozy a demandé que «toute la lumière» soit faite «sur les circonstances de cette tragédie qui souligne l'urgence d'une relance du processus de paix». Son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, s'est dit «profondément choqué par les conséquences tragiques» de cette opération militaire israélienne. «Nous ne comprenons pas le bilan humain, encore provisoire, d'une telle opération contre une initiative humanitaire connue depuis plusieurs jours. Rien ne saurait justifier l'emploi d'une telle violence que nous condamnons», a souligné M. Kouchner dans un communiqué du Quai d'Orsay. «Ces évènements nous rappellent que la situation actuelle à Ghaza n'est pas tenable et qu'elle appelle une réponse politique urgente. Nous prendrons toutes les initiatives nécessaires pour éviter que cette tragédie ne donne lieu à de nouvelles escalades de violence», a-t-il ajouté. De son côté, le Parti socialiste français a demandé une «réunion immédiate» du Conseil de sécurité de l'ONU après cet assaut militaire contre cette flottille internationale d'aide pour la population de la bande de Ghaza. Lors d'un point-presse, Benoît Hamon, porte-parole du PS, a exprimé «la condamnation» de son parti, de cette opération «inacceptable et très choquante d'Israël contre la flottille humanitaire» dont «l'existence est la conséquence du blocage de Ghaza». Il a déploré «l'usage de la force par Israël (qui) s'est conclu par un bain de sang», en insistant sur la «nécessité d'une réponse internationale rapide qui [...] associe les Etats-Unis». Le porte-parole du PS a affirmé que «tant que le blocage de Ghaza sera considéré comme un principe fondamental de toute action d'Israël, ce sera très compliqué de faire évoluer de manière positive la situation au Proche-Orient». L'ancien Premier ministre français, Alain Juppé, a dénoncé la «position totalement extrémiste» d'Israël, à la suite de cette opération militaire qui a fait de nombreuses victimes entre morts et blessés. Pour le maire de Bordeaux (UMP), la «France ne peut pas soutenir cette position du gouvernement israélien». «D'ailleurs l'ensemble de la communauté internationale, que ce soient les Etats-Unis, l'Europe, la France souhaitent que l'affrontement cesse et que la négociation soit remise à l'ordre du jour. C'est donc une forme de condamnation de l'utilisation de la violence qui est faite aujourd'hui», a-t-il relevé. La déléguée générale de la Palestine en France, Hind Khoury, a dénoncé une «barbarie» qui doit «être condamnée par le monde entier». «Ce qui se passe est très grave ( ) C'est une attaque dans les eaux internationales et une attaque contre des activistes étrangers internationaux qui agissent pour arrêter le blocus contre Ghaza», a-t-elle ajouté soulignant qu'il est «temps d'arrêter cette impunité d'Israël pour qu'on puisse avancer dans le dialogue au lieu de continuer un état de guerre et d'agression». «Il faut se demander pourquoi Israël est capable de maintenir ce blocus contre Ghaza depuis trois ans», a-t-elle insisté. Mme Khoury a affirmé que selon ses informations, «ces militants pacifistes ne sont pas armés». «Probablement il fallait se défendre d'une manière ou d'une autre puisqu'une centaine de commandos israéliens ont abordé les bateaux», a dit la déléguée générale de la Palestine en France. Cet assaut militaire contre une flottille humanitaire pour la paix a provoqué des réactions en chaîne de la part d'ONG et de personnalités politiques. Les bateaux de la «flottille de la Liberté», chargés de 10.000 tonnes de matériels de construction, de textile, de nourriture, devaient être acheminés dans la bande de Ghaza lundi en fin de matinée. Juste avant leur départ, le président du Comité pour la levée du blocus et député palestinien indépendant, Jamal al-Khoudari, avait exhorté la communauté internationale à protéger la flottille contre les menaces d'interception, rapporte la presse.