Ce qui était plus ou moins pressenti, s´est avéré être tangible après que les USA aient renoncé à convaincre Israël à geler la colonisation en Cisjordanie occupée. Ce n´est pas une surprise, mais une confirmation de l´absence d´une volonté politique affirmée de Washington d´imposer des négociations devant aboutir à l´édification de l´Etat de Palestine. Cette dérobade des Etats-Unis montre qu´en fait, Israël reste le maître d´oeuvre de pourparlers qu´il menait à sa guise, les accélérant ou les interrompant, leur donnant de l´importance ou les minimisant selon ses besoins du moment. Le paravent américain était en fait transparent, tout le monde faisant semblant de croire que Washington pouvait réellement exiger d´Israël, de s´engager sérieusement aux fins d´aboutir à l´établissement de la paix dans la région. Or, Israël n´a jamais pris en compte sa coexistence avec un Etat palestinien comme une hypothèse de travail rationnelle. En fait, une telle issue, l´érection d´un Etat palestinien, n´était envisageable pour Israël, au mieux, que dans un temps lointain et indéterminé pouvant se chiffrer en d´autres décennies. Une certitude: aucun dirigeant israélien, hier comme aujourd´hui, n´envisage la création d´un Etat palestinien de son vivant. Les Américains le savent parfaitement mais n´ont jamais rien fait pour faire évoluer une position israélienne figée, dont les conséquences peuvent être néfastes pour le Proche-Orient. Tout au long des 20 dernières années, Israël à louvoyé et finassé défaisant ce que des années de patience ont pu construire - cf; les accords d´Oslo, rendus caducs en 1996 précisément par l´actuel Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu - s´attachant à gagner du temps, acceptant le dialogue pour l´interrompre dès que celui-ci devenait sérieux ou menaçait d´aboutir à un résultat avec les Palestiniens. Parallèlement à ces faux-semblants d´efforts de paix, Israël entreprenait de consolider sa présence dans les territoires palestiniens occupés grignotant de nouveaux territoires par de nouvelles colonies en Cisjordanie, par la judaïsation de Jérusalem-Est. Cette reconfiguration des territoires palestiniens entrave bien évidemment les efforts de paix consentis par ailleurs. Or, le gel de la colonisation était une condition sine qua non pour la poursuite des négociations, les Palestiniens ayant enfin compris et admis qu´il ne servait à rien de continuer à cautionner un jeu qui, finalement, loin de servir leur cause la desservait sévèrement. En fait la balle était dans le camp américain, parrain et maître d´oeuvre du processus de paix. Le renoncement de Washington à exiger le gel de la colonisation est, outre d´être un recul, pour les USA est surtout un revers pour Obama qui admet, ainsi, que le véritable décideur dans le contentieux israélo-palestinien, reste l´Etat hébreu, qui arrête au final de ce qu´il estime convenir pour Israël. C´est ainsi que le recul américain a été compris en Israël, à la grande satisfaction de ses dirigeants, alors que le responsable du Conseil des implantations en Cisjordanie se félicitait hier indiquant: «Israël a tenu bon et n´a pas cédé aux exigences étranges et extrémistes des Américains et le ciel ne nous est pas tombé sur la tête. Les Américains ne nous ont même pas critiqués.» De fait, Israël se félicite surtout d´avoir définitivement fermé la porte à la paix négociée. Or, si la paix ne peut s´obtenir par des négociations loyales, reste l´autre solution, celle de l´admission de l´Etat de Palestine à l´ONU. Après la reconnaissance en cours de semaine par le Brésil et l´Argentine de la Palestine, comme Etat palestinien indépendant «dans ses frontières de 1967», ce sont 104 pays de l´ONU sur ses 192 membres (la majorité absolue) qui reconnaissent la Palestine en tant qu´Etat indépendant. Une Palestine membre légitime de l´ONU changera assurément la donne du problème. Aux Palestiniens d´agir en ce sens.